en une : Le raisonnement par récurrence

Pourriez vous me préciser plus en détails cette troisième partie

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 20/11/2007 - correction
                
Bonjour,

J’espère tout d’abord que les éléments que nous avons abordés ensemble la fois dernière vous ont été profitables dans le cadre de votre réflexion et vous apporte dans l’immédiat des compléments sur la dernière partie proposée comme vous le demandez.

C’est en effet la partie la plus théorique sans doute, ou la plus « philosophique » si l’on veut, ce qui est normal car c’est la dernière donc celle qui va faire aboutir la réflexion. Il fait donc essayer d’aller vers des choses plus profondes, plus théoriques justement. Dans les deux premières parties, vous pouvez évoquer des points plus concrets, plus historiques ; dans une dernière partie, il faut essayer de dégager davantage des concepts qui amènent à répondre au sujet. Voilà déjà peut-être pour une justification de ce type de partie d’un point de vue méthode.

D’un point de vue fond et arguments, voyons ce qu’il en est. L’idée principale de cette partie est de prendre de la distance par rapport aux rôles précédemment évoqués : dans un premier temps, la critique littéraire au sens où nous l’entendons ici permet d’acquérir et de partager des savoirs (apprentissages sur l’évolution de la rhétorique, de la langue, de la grammaire, thèses sur telle ou telle idée ou notion etc.). Elle permet donc en quelque sorte une production concrète de savoirs, qui peuvent servir ensuite à tout un chacun. Mais au-delà de cela, il y a une partie plus conceptuelle, moins concrète, moins productrice sur le court terme : c’est la partie dite de la didactique, à entendre aussi au sens de recherche universitaire par exemple (unités de recherche en littérature comparée, histoire de la linguistique etc.). Il y a alors ici un parallèle à faire avec la recherche scientifique par exemple : elle sert bien sûr à avoir des avancées concrètes (par exemple de nouveaux médicaments). Mais pas seulement. La recherche (et donc ici aussi la critique littéraire) est utile en elle-même, en tant que démarche, indépendamment et quelque soient presque ses productions concrètes. En effet, déjà, on sait bien que la recherche est pour beaucoup une histoire de hasards : on ne découvre que rarement la solution au problème que l’on cherchait précisément alors que les travaux faits en ce sens permettent d’avancer sur d’autres sujets, et certaines inventions qui ont beaucoup fait avancer les choses, sortes de mini révolutions, sont le fruit de hasards complets et de recherches sur des sujets tout autres (c’est le cas du micro onde, découvert par un chercheur qui travaillait sur tout autre chose mais avait laissé son sandwich sur une paillasse près d’un montage et qui avait chauffé rapidement …). Vous voyez donc que certaines sciences, disciplines se doivent de perdurer, car l’histoire a montré qu’elles sont souvent utiles là où on ne les attend pas et permettent donc des avancées, mais pas du tout programmées ; elles sont donc utiles en elles-mêmes, pour des résultats de manière générale mais que l’on ne sait pas chiffrer de suite, prévoir, évaluer à court terme.

Ensuite, mais toujours dans le même ordre d’idées (on oublie un peu l’intérêt de résultat court terme pour voir les effets long terme et les effets méthodologiques, généraux), la critique littéraire est aussi utile et nécessaire pour l’enseignement, l’apprentissage du raisonnement etc. Finalement, peu importe presque les résultats auxquels on arrive par elles, ce qui est important c’est que les gens qui s’y penchent mettent en place des façons de penser, de raisonner, des modes de réflexion et de remise en question qui sont utiles à tous : cela forme l’esprit ; c’est un peu finalement l’esprit de beaucoup de filières d’étude aujourd’hui en France, et notamment les plus longues et notamment les littéraires ou généralistes : délivrer des savoirs utilisables bien sûr, mais surtout des savoir-faire, des façons de raisonner de penser, qui peuvent être applicables et transposées partout. A la limite peu importe d’avoir passé un an à étudié en critique littéraire Proust plutôt que Baudelaire, ce qui compte aussi avant c’est la méthode de réflexion, le cheminement intellectuel, l’apport intellectuel qui en ressort ensuite. C’est en cela qu’encore une fois la critique littéraire est utile en tant que démarche de recherches : pour ses résultats certes mais surtout pour les méthodes qu’elles donnent aux gens. Et cela peut aller très loin : on peut aussi concevoir que dans une démocratie il est essentiel de savoir remettre les choses en question, même la lecture d’un auteur mort il y a deux siècles (pas gratuitement bien sûr, mais pour apporter de nouveaux éclairages, montrer que de nouvelles techniques peuvent aider à se faire de nouvelles opinions, à adapter les choses à notre vie d’aujourd’hui). Là aussi, c’est une matière qui existe aussi pour permettre toutes ces choses : permettre le changement, l’évolution etc. sans que ce soit simple ! Certes, faire accepter des avancées scientifiques (avancées à prendre au sens de nouveauté, quelque chose en plus qui ne pouvait être fait avant, pas forcément de point positif, il y a souvent de la morale et de l’éthique là-dedans et c’est alors plus un jugement personnel) est souvent difficile, mais révolutionner le statut de tel auteur en affirmant que finalement il ne défendait pas du tout telle thèse mais plutôt telle autre, n’est pas plus facile ! Les mentalités sont longues à faire changer et la critique littéraire sert justement à développer l’esprit critique des gens, leur capacité d’analyse, de jugement du changement et de l’adaptation. Mais là encore le but poursuivi est finalement le même : permettre aux gens de réfléchir, de disposer d’idées de départ pour se faire un avis, être alerté sur telle ou telle chose.

L’important est de bien voir que cette partie va bien dans le même sens que les autres mais sur un plan plus théorique et synthétique, en privilégiant les idées au sens de la théorie justement : la critique littéraire sert à permettre aux gens de réfléchir et de vivre mieux, au final ; de se faire des avis, de réagir quand il le faut, de savoir où ils vont, comment ils vont mener leur vie, de découvrir telle ou telle chose, d’avoir une aide au jugement. Simplement, nous prenons ici pour montrer cela deux voies parallèle : une plus pragmatique qui montre que la critique littéraire atteint ce but par ses résultats concrets (livres, articles, avis etc.), une plus théorique qui montre qu’elle le fait aussi en diffusant des méthodes et des façons de faire, des façons de penser, en formant les gens, en étant aussi parfois le garde fou de l’évolution des mentalités ou de certaines choses.

J’espère vous avoir éclairé sur le pourquoi et le comment de cette partie et vous avoir montré comment l’utiliser et la détailler pour l’incorporer globalement dans le reste de votre réflexion. Je vous souhaite bon courage pour la suite de votre travail.
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