en une : Le lexique de français

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Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 18/11/2007 - correction
                
Bonjour,

Dans le cadre des prestations proposées ici, je vous propose de voir quels sont les messages délivrés par le passage et de voir comment lier comme vous le demandez fond et forme. Vous pourrez ensuite, si vous le désirez, soumettre dans une autre question votre propre rédaction, pour obtenir une correction personnalisée de ce que vous avez fait.

Pour aiguiller votre analyse du texte d’un point de vue fond, je vous suggère de commencer par deux éléments généraux avant de regarder le texte dans le détail. Tout d’abord, la position de l’extrait dans l’½uvre (que vous devez avoir déjà étudié dans le cadre de votre introduction). Ici, c’est la première rencontre entre Didon reine de Carthage et Enée le chassé qui vogue en cherchant à rejoindre l’Italie et fait escale sur les terres de la reine. On sait l’amour impossible qui s’en suivra, ainsi que le dénouement : la mort de Didon et l’accomplissement de sa mission de fondation d’un nouveau royaume pour Enée. Il est donc intéressant de se demander comment d’entrée de jeu ceci est annoncé et comment cet événement décisif va déterminer la suite de l’½uvre et de son histoire tragique. Cela remet l’ensemble en contexte et permet de voir ce qui est important dans le passage (car c’est important pour la suite). Ensuite, l’extrait a un titre : « L’accueil de Didon » ; certes ce titre n’a pas été donné par l’auteur lui-même, mais par un critique ou commentaire, mais il permet d’avoir rapidement un résumé du passage, l’idée forte et il sera donc intéressant tout au long de la construction de votre rédaction de voir comment vos différentes parties font écho, répondent à ce thème. Elles doivent en effet en traiter, le commenter, l’expliciter à un moment ou un autre, bref pour dire les choses simplement « tourner autour » malgré tout.

La première chose qui frappe à la lecture de l’extrait est le décalage entre la situation et les propos (Enée arrive alors qu’il a été chassé de son royaume, Didon elle-même a vécu des choses du même genre, le ton est déjà grave et on sait comment cela finira) et le décor de la scène : décor somptueux du palais, fêtes religieuses et repas ordonnés par la reine etc. Ce décalage est accentué par le choix des mots, le lexique : luxure contre tristesse, et l’ordre d’apparition des idées : d’abord le discours grave et émouvant de la reine, le rappel des faits, puis seulement l’annonce du faste. C’est comme si finalement, tout ce faste, presque obligé, par principe, par tradition, était fait pour le bas peuple, les simples gens (le peuple de Carthage comme les marins d’Enée, destinataires de toute l’accumulation de mets énoncée), contrastant une nouvelle fois avec ce qui attend, ce qui touche de près aux deux personnages royaux, née d’une déesse même pour l’un. Un premier axe peut donc être le décalage entre l’accueil officiel et luxueux offert par la reine et la situation des deux futurs amoureux contrariés, entre leur propre situation et celles de leurs sujets respectifs. On a donc bien ici une description de l’accueil de la reine, mais avec une double facette, dans le fond comme la forme. Les indices stylistiques sont notamment à chercher parmi le lexique employé, l’emploi du présent et du discours direct ou encore la construction des phrases et les énumérations.

Ensuite, en allant un peu plus précisément dans certaines interprétations (le commentaire va toujours du plus général et global au plus précis et particulier), il est aussi intéressant de voir le parallèle entre les deux personnages principaux : ils finiront par se séparer et pourtant semblent au départ si proches comme le souligne Didon. Tout par d’abord, par leur position sociale, vis-à-vis des autres hommes, des dieux. D’un point de vue stylistique, regardez notamment les comparaisons qui figurent dans les discours ou les descriptions, et la façon dont Didon décrit sa propre histoire en écho à celle d’Enée (elle parle même des rivages de son pays comme étant du coup « inhospitaliers »).

Enfin, une nouvelle fois dans cette ½uvre, ce qui marque et est en toile de fond, c’est la fatalité, au sens de « fata » : le destin, avec les dieux en toile de fond. Enée est né d’une déesse, c’est à cause d’une autre qu’il est en exil, l’histoire de Didon a également à voir avec certains d’entre eux, l’impossibilité de leur histoire leur est due également. Finalement, on voit bien dès ce moment précis que leur histoire va être impossible, que ce sont les dieux qui tirent les ficelles, en décident ainsi, et même Didon semble résignée à ce moment-là, connaissant l’histoire d’Enée et bien d’autres détails. Pourtant, elle finira par mourir de ce chagrin d’amour, et c’est cela qui est saisissant ici : tout le monde sait que c’est un amour impossible, y compris les amoureux, eux-mêmes se résignent et le disent presque, et pourtant, malgré tout ce qui est fait pour amadouer les dieux, il semble que ceux-ci aillent jusqu’au bout de leur volonté ; on est vraiment dans le tragique grec, au sens de la mort inévitable. Cela se ressent dans le ton employé par Didon, solennel, faisant référence aux dieux et à l’histoire passée à de nombreuses reprises.

Voilà donc pour trois thèmes qui me semblent ressortit de façon assez claire et logique de cet extrait, somme toute assez court. Donnés et développés dans cet ordre, ils permettent de commenter je pense l’accueil (pour en revenir au titre justement) fait par Didon à Enée. Ce qui est intéressant dans cet extrait ce sont les particularités à plusieurs titres de cet accueil et le décalage ou du moins le lien avec ce qui va se passer ensuite. D’un point de vue fond, je pense qu’il est important de mettre en avant le côté particulier, presque artificiel voire embarrassant parfois de cet accueil et de relier ce qui y est dit et vu à la suite des événements entre les deux protagonistes. Le lien avec la forme doit bien sûr être constant, comme dans tout commentaire, en vous appuyant de manière privilégiée dans chaque axe comme nous l’avons vu plus haut sur le lexique (et notamment les oppositions de lexique), les caractéristiques du présent utilisé, mais aussi le discours direct et le ton solennel et officiel utilisé. Cet extrait n’est pas non plus très long, votre commentaire doit donc se concentrer sur des faits stylistiques précis tout en dégageant l’idée principale à travers plusieurs axes, sans non plus sur interpréter ; il est certain que les descriptions de plats par exemple, qui représentent au final une part non négligeable de l’extrait, ne peuvent pas non plus faire l’objet de dizaines de lignes de commentaires. Je crois donc que si vous reprenez ce que nous venons de voir en lien fond et forme, vous aurez largement vu l’essentiel de l’extrait, et même de façon assez détaillée.

Je vous souhaite un bon travail.
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