en une : Sujet : causes de la crise de 1929

Corrigé d'une dissertation

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 01/11/2007 - correction
                
Bonjour,

Dans le cadre des prestations ici offertes, je vous propose d’analyser ensemble le sujet et de voir comment construire le devoir, notamment via un plan adapté, et enfin de mettre l’accent sur quelques rappels méthodologiques. Vous pourrez ensuite, si vous le souhaitez et une fois votre devoir rédigé, le soumettre dans une nouvelle question pour obtenir un avis et une correction personnalisés avant de le rendre définitivement à vote professeur.

Pour en revenir au sujet lui-même, il est finalement assez « classique » en termes de connaissances à avoir : le rôle de l’apologue ; la principale difficulté est d’adapter vos connaissances aux propos exacts de l’auteur de la phrase proposée pour la commenter précisément. En termes de connaissances, vous avez sinon le corpus à disposition pour des exemples précis et vous avez certainement dû étudier au moins un apologue de Voltaire (Zadig, Candide, Micromégas …) ou au moins des extraits ; les auteurs de contes antiques et les auteurs des Lumières sont de toute façon pour ce sujet une source d’exemples et d’arguments importante et à mettre en avant. Commençons par analyser les mots de la phrase du sujet : « entendre un récit » doit être pris au sens large de « lire », « avoir connaissance », « se faire raconter », « comprendre » un récit. Par « récit » on entend ici une histoire, dans le contexte de l’extrait, une anecdote réelle ou ayant pu arriver la plupart du temps. Par la suite, on verra comment glisser vers l’apologue. Il s’agit donc de voir quel est l’intérêt, le rôle, le bénéfice de tels récits pour l’être humain : à quoi cela sert-il ? quel bénéfice en tirer ? L’auteur apporte un élément de réponse en disant que c’est un moyen de vivre par procuration un événement, c’est-à-dire que nous n’avons pas besoin d’expérimenter nous-mêmes puisque le récit nous montre ce qui s’est passé, dans quelles circonstances ; nous avons connaissance ainsi des résultats, des conséquences, sans avoir besoin de le vivre nous-mêmes ; c’est en quelque sorte du temps de gagner. Mais là encore, quel est l’intérêt de ne pas perdre ce temps, voir subir directement les conséquences néfastes d’une expérience dont on peut se contenter de l’expérimenter à distance, par le biais d’autrui en quelque sorte ? (de se brûler les ailes même parfois ?). A nouveau l’auteur oriente la réponse vers un certain point de vue : l’utilité vient surtout des leçons qui peuvent être tirées (économies de temps, d’énergie, désillusions évitées, pas besoin de recommencement éternel etc. les développements en ce sens peuvent être assez nombreux) dans l’immédiat et pour le futur, double bénéfice donc en quelque sorte. Le propos de l’auteur peut donc en quelque sorte se résumer ainsi : lire (écouter) des récits est bénéfique, en ceci qu’il permet de prendre connaissance d’expériences et de conclusions déjà vécues par quelqu’un d’autre et dont nous pouvons tirer de suite les enseignements nécessaires pour maintenant et/ou pour plus tard. Ceci dit, le problème est maintenant de voir en quoi cette sentence est aussi vraie pour un type particulier de récit, à savoir l’apologue.

Commençons par définir l’apologue, dont vous avez sûrement une définition très précise dans votre cours, mais je ne reprends ici que l’essentiel dans le cadre du sujet : l’apologue est un récit, en général assez court, qui met en scène des personnages, réels ou non, dans un cadre spatio-temporel souvent assez flou (cela pourrait presque tout aussi bien se passer n’importe où et n’importe quand, le message délivré resterait quasiment identique), qui viennent un certain nombre d’aventures et à la fin desquelles l’auteur délivre un message, une leçon, une morale, en général assez courte et simple mais forte et portant sur des points essentiels relatifs à la vie humaine ou la société (la candeur, la guerre, le délire de l’immensité etc. pour faire écho à des ½uvres citées plus haut). On parle aussi souvent de « conte philosophique » pour traduire ce double aspect de l’apologue : le côté histoire, narration et le côté message profond délivré à cette occasion, comme si les faits et gestes et dires des personnages parlaient justement tous seuls et permettait au lecteur d’en tirer directement les enseignements qui s’imposent.

Dans votre introduction, il va donc falloir amener le sujet. Comme vous avez le contexte de l’article duquel est extrait la phrase, je vous suggère l’accroche suivante, à rédiger ensuite plus précisément : dans un article consacré à la gestion de projet et au management en général, Thierry Boudès évoque le rôle des récits dans l’apprentissage et la gestion des hommes, dans le quotidien de l’entreprise ; il en vient notamment, exemple à l’appui, à conclure « qu’entendre un récit […] présente et future ». Ceci fait, il vous faut ensuite expliciter le sens de cette phrase, en explicitant rapidement le sens des mots principaux, ainsi que l’articulation de la phrase (cf. plus haut). Reste à définir la notion d’apologue : vous pouvez le faire en disant que parmi tous les récits, un sous-genre particulier retient l’attention depuis l’époque des Lumières : l’apologue, et vous pouvez alors le définir. Il reste alors, avant d’annoncer le plan sur lequel nous allons travailler juste après, à poser la problématique. Le sujet est je pense assez clair et nous venons de l’expliciter ; il s’agit donc surtout de relier la phrase à commenter et la notion d’apologue, par exemple comme suit : « en quoi lire ou entendre un apologue est comme le dit Th. Bourdès ‘un moyen …’ ? ».

Reste alors à bâtir le plan pour répondre à cette question, en recherchant trois grandes catégories de causes qui permettent de justifier le propos de l’auteur ; il faut également penser que cela doit couvrir toute la phrase, tous ces aspects. Enfin, le plan doit être l’occasion de bâtir une réflexion ordonnée et personnalisée, une réponse bien adaptée, fruit d’un vrai travail de réflexion à partir de vos connaissances et des différentes lectures faites. Les arguments sont bien sûr importants, mais il est aussi essentiel de montrer que vous avez réfléchi et que vous n’avez rien plaquer de tout fait, et cela c’est la forme qui le montre (plan progressif, transitions, résumés intermédiaires, exemples en parfaite adéquation avec le propos etc.). Pour repartir du plus évident, on peut par exemple envisager comme première partie :

1) L’apologue permet de vivre une expérience par procuration. Il faut pour montrer cela repartir des éléments stylistiques et de fond qui constituent la base de l’apologue. L’apologue met en scène des personnages intemporels auxquels chacun peut s’identifier même si les traits sont grossis pour que cela soit plus frappant. Certes, l’attitude de Candide est extrême, mais finalement, chacun de nous peut se retrouver candide dans certaines situations, même si ce n’est pas en plein milieu d’une guerre européenne ; mais les événements dans lesquels nous le sommes peuvent être aussi grave qu’un tel événement à l’échelle de notre propre vie. C’est donc le choix de la mise en scène réaliste bien que grossie et intemporelle qui permet ensuite cela. Les faits sont malgré tout en général très simples et pourraient nous arriver ou alors peuvent être transposés, à une image près, à l’échelle de nos vies (le cierge qui veut faire comme la brique, c’est un peu comme l’homme qui veut faire la même chose que la personne dont il est le plus jaloux sans avoir pensé aux différences flagrantes qui font que dans son cas, la chose va tourner à la catastrophe !). Nous dégageons ici les idées principales avec quelques exemples à l’appui, mais il faudra ensuite bien sûr, lors de la finalisation du plan et selon vos propres connaissances, finir d’illustrer chaque point par les exemples qui vous paraissent le plus pertinent. Pour cette première partie dont l’objectif est de montrer que l’apologue met tout en ½uvre pour nous faire vivre des choses par procuration, on peut envisager le séquencement suivant :
a) Un cadre spatio-temporel simple et transposable partout, en toute époque
b) Des personnages auxquels on peut s’identifier, parce que même si légèrement caricaturaux, ils représentent notre part de tel ou tel défaut ou tel ou trait de caractère : ils ont quelque chose de bien réels
c) Des faits eux aussi intemporels et qui nous renvoient à nos faits, dires et gestes du quotidien et qui sont décrits avec précision, progressivement jusqu’au dénouement inclus, celui-ci donnant aussi tous les éléments nécessaires à la compréhension. On a bien sûr connaissance des faits, mais pas seulement : aussi du contexte global, de tous les éléments qui nous permettent de nous projeter et de vivre cette expérience (on ne risque de toute façon rien ! c’est un peu ce que dit La Fontaine au Dauphin) ; et bien sûr il ne faut pas oublier tout le talent des écrivains, qui n’est pas étranger à cette possibilité de transfert …
On peut alors à titre de transition faire le bilan suivant : on vient de voir comment les principes de base de l’apologue permettaient que les événements qui y sont contés soient autant de situations vécues par procuration par le lecteur. Mais il faut maintenant voir ce que cela apporte : d’après ce que l’on a commencé à dire, la possibilité d’en tirer soi-même, mais à moindre risque, des enseignements, pour le présent et le futur.

2) L’apologue permet de tirer des leçons sur un certain nombre de thèmes « classiques » de la vie et de la société, pour maintenant et plus tard. Il donne à réfléchir, des leçons à tirer ce qui est dit.
a) Des leçons pour le présent : l’apologue peut décrire des phénomènes de société qui surviennent à notre époque (ex : la guerre) et en détaillant les transformations, les conséquences de ces événements, voire les événements eux-mêmes qui ne sont pas toujours bien connus d’ailleurs (cf. encore l’exemple de la guerre : on parle beaucoup de guerre, des conséquences désastreuses de celle-ci mais sans toujours, quand on en est éloigné, en connaître la réalité), il nous permet de mieux analyser ce qui passe, de mieux nous rendre compte de l’ampleur, de l’importance de telle ou telle chose ou de la réalité de la chose elle-même.
b) Des leçons ponctuelles pour un futur en général assez immédiat : l’apologue décrit ce que nous voulions faire et en donne les conséquences dans un contexte très précis, que nous n’avons alors plus qu’à comparer au nôtre ; on voit ainsi quelle décision il vaut mieux prendre, pourquoi, cela nous conforte dans notre idée ou nous évite de courir à la catastrophe. Il nous donne donc des leçons très terre à terre pour notre futur, pour nos actions futures ; c’est un peu le rôle des anecdotes racontées dans les entreprises aux nouveau venus, pour leur montrer dans les mois à venir quelle attitude ou discours adopter dans tel ou tel contexte.
c) Mais l’apologue nous donne aussi des leçons plus intemporelles, ou du moins valables dans un futur à la fois proche et éloigné, ce sont des « leçons de vie », sur des questions assez philosophiques, des indices sur la conduite à tenir (comme dans « La Grenouille qui voulait se faire plus grosse que le b½uf » ou « Micromégas » : il faut rester mesuré en toute chose, rester à son échelle et savoir s’évaluer, rester à son niveau, celui qui nous convient). Ce sont donc de véritables enseignements profonds pour toute notre vie que nous en tirons au passage.
Piste de transition : nous avons vu comment l’apologue permettait de vivre des choses par procuration et ce que l’on pouvait en retirer concrètement. Il nous reste à voir (vous voyez qu’on continue d’aller vers le plus précis et le moins évident) comment cela est rendu possible par le mécanisme de l’apologue.

3) L’apologue permet par ses mécanismes propres à chacun de trouver ce qu’il cherche et de tirer les enseignements que l’on vient de décrire (dans cette partie, maintenant que l’on a explicité le propos de l’auteur, caractéristiques de l’apologue et exemples à l’appui, on peut revenir vers les moyens littéraires employés pour finir de justifier le propos tenu).
a) Par les commentaires et l’écriture de l’auteur en eux-mêmes : les faits sont en général suffisamment bien décrits et leurs effets aussi pour que le lecteur puisse faire le tri entre le positif et le négatif ; bien souvent, l’auteur y va aussi de commentaires plus directs, soit en rédigeant une morale en fin ou début d’½uvre, personnelle et explicite, plus déconnectée du récit, soit en introduisant des commentaires au fur et à mesure du récit, sortes d’évaluations personnelles des personnages, de leurs faits et gestes à mesure qu’on les découvre. On retrouve donc l’influence parfois déterminante de l’auteur que Th. Boudès évoque dans le récit de l’anecdote en entreprise, et notamment dans les interventions orales.
b) Car le lecteur a malgré tout une marge de man½uvre assez grande en terme de lecture et d’interprétation ; c’est ce qu’évoque à nouveau Th. Boudès à la fin de son article : il y a multiplicité des interprétations possibles et du coup, chacun vient trouver ce qu’il cherche, selon ses besoins du moment, son expérience, ses autres lectures etc. C’est pour cela, grâce à la richesse en fait de ce qui est dit et sous-entendu dans tout apologue malgré la simplicité relative du récit et sa longueur, que l’on trouve toujours des enseignements à tirer : c’est la richesse du fond qui fait qu’il y a toujours qui nous correspond.
c) Enfin, ce qui permet aussi cela c’est le côté divertissant et sans prétention, pas rebutant, de l’apologue. On vit vraiment quelque chose par procuration et l’on en tire quelque chose (parfois même pas totalement consciemment), car il est simple à aborder et que cela se fait naturellement, en jouant sur la proximité et la non prétention (pas comme un essai austère) et puis également parce que les auteurs d’apologues sont des observateurs avertis de la société de leur temps, et qu’ainsi les thèmes traités ont toujours un rapport avec ce que vivent leurs contemporains (dit trivialement, mais clairement « ils ne risquent pas ainsi d’être à côté de la plaque »).

Voilà pour une proposition de plan, de cheminement ; à vous de le finaliser, de finir de la modeler à partir de vos propres idées, connaissances et choix d’exemples. L’important est de construire une réponse réfléchie, progressivement comme j’ai essayé de vous le montrer dans l’enchaînement des parties, et qui en arrive à un point de chute plausible : ici, on a fini en montrant que c’est la simplicité et l’actualité des thèmes traités grâce à la pédagogie et l’observation de leurs auteurs que les apologues permettent à tout lecteur, à toute époque, de vivre par procuration et d’apprendre des choses fort utiles. Dans la conclusion, il vous faudra donc tirer un bilan de votre argumentaire pour montrer où vous en êtes arrivé. Vous pourrez toujours finir sur une ouverture, en rebouclant par exemple sur le propos premier de Th. Boudès, en disant que finalement l’apologue n’est plus un genre d’écriture très en vogue mais que les managers et leurs discours aux salariés ont en quelque sorte pris le relais : moyens concrets différents, mais but et fond finalement identiques.

Pour finir, j’insisterai une dernière fois sur la méthode : montrez que vous avez construit une réflexion personnelle par rapport au sujet ; donc soignez vos transitions, respectez la notion de paragraphes (un paragraphe = un argument + un ou plusieurs exemple(s) mais précis et commentés), soignez le style et la présentation, ainsi que le bilan de la conclusion, dernière impression laissée au correcteur.

A partir de votre analyse du corpus et de vos autres lectures, ainsi que ce que vous avez vu en cours, vous avez toutes les clefs en main je pense pour reprendre ce que nous venons de voir et construire un plan et un devoir qui répondent de façon précise et satisfaisante à la question posée, qui ne doit plus je pense vous poser de problème de compréhension.

Bon courage dans la finalisation de votre réflexion et de votre rédaction.
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