en une : Le raisonnement par récurrence

Pourquoi la critique littéraire?

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 01/11/2007 - correction
                
Bonjour,

Dans le cadre des prestations ici offertes, je vous propose d’analyser ensemble le sujet et de voir comment construire le devoir, notamment via un plan adapté, et enfin de mettre l’accent sur quelques rappels méthodologiques. Vous pourrez ensuite, si vous le souhaitez et une fois votre devoir rédigé, le soumettre dans une nouvelle question pour obtenir un avis et une correction personnalisés avant de le rendre définitivement à vote professeur.

Pour en revenir au sujet lui-même, il peut certes paraître déroutant au premier abord, même avec l’indication qui vous est donnée (qui limite bien le sujet mais du coup vous oriente vers un point de vue peut-être plus difficile à analyser). Dans ce cas, et comme toujours face à un sujet un peu déroutant, il faut en revenir aux basiques méthodologiques. On ne vous demande pas forcément de trouver des arguments inattendus et révolutionnaires, mais de construire une réponse à la question posée, à l’aide de connaissances et de références, de montrer que vous apportez une réponse personnelle et réfléchie au problème. Gardez cette idée en tête en rédigeant et construisant votre devoir, et vous éloignerez déjà les complexes, et ensuite vous serez exactement dans la démarche que l’on attend de vous.

Première étape : l’analyse du sujet et plus précisément de ces termes. « Pourquoi » indique que nous allons rechercher des causes, des séries possibles d’explication ; cela vous donne d’emblée une piste pour le plan : il faudrait sans doute trois grands types de causes, de raisons, que l’on pourrait introduire par « car » ; c’est une méthode un peu simplette pour juger d’un plan, mais essayez une fois le plan arrêté de résumer chaque partie et de l’introduire par « car » ou « parce que » et voyez si cela apporte une réponse assez logique à la question ici posée. C’est basique, mais cela évite souvent de se rendre compte en fin de devoir qu’une partie n’est en fait que partiellement adaptée ; parfois d’ailleurs, l’idée de départ est bonne et il suffit simplement de réorienter un peu l’argument ou juste sa formulation pour répondre de façon claire et correcte à la question posée. Revenons sur « critique littéraire » : le mot « critique » seul renvoie à la notion de jugement – qu’il soit positif ou négatif, d’ailleurs à la base. Il s’agit de donner un avis, d’analyser en quelque sorte le fait ou l’idée à travers un certain nombre de filtres et de références. Faire une critique finalement, c’est dire par exemple si quelque chose est juste ou beau par rapport à des critères prédéfinis, essayer de voir les messages sous-jacents, de se faire un avis et de la communiquer pour faire réfléchir, faire avancer les choses. Voilà pour le sens basique de « critique » ; cela nous permet de voir au passage qu’il faudra bien se souvenir tout au long du devoir du sens premier et global du mot : la critique peut aussi sans problème être positive. Mais le mot est complété par l’adjectif « littéraire », qui renvoie donc aux ½uvres d’auteur, romans, pièces de théâtre, poèmes etc. Il s’agit donc d’une analyse circonstanciée, allant plus ou moins dans le sens de l’auteur (presque une analyse à charge et à décharge, comme dans un procès), de ce qui est dit : est-ce bien ? louable ? que l’auteur a-t-il en fait voulu dire ? qu’en retirons-nous comme message ? etc. Mais l’expression constituée des deux mots a au fil des siècles pris une acception propre et on distingue aujourd’hui deux types de critique littéraire, comme vous le signale la remarque sur le sujet : la critique littéraire, fait des journalistes, et qui a pour but d’aiguiller à court terme et rapidement un lecteur quant à l’intérêt de telle ou telle lecture (pour faire simple, c’est un « j’aime ou j’aime pas » bâti à partir de quelques critères prédéfinis, dans le but d’intéresser, de convaincre un lecteur, de lui apporter une information qu’il vient chercher et dont il a besoin à un moment donné) ; la critique littéraire au sens plus « noble » et que l’on appelle aujourd’hui souvent la « didactique ». C’est donc cette sorte de critique littéraire qu’il nous faut maintenant définir. Il s’agit en fait d’une critique telle que définie plus haut, positive et négative à la fois, qui a pour but, à partir de critères et de références, d’apporter des éléments de réflexion sur une ½uvre, sans forcément donner d’emblée la vérité absolue ; c’est davantage une première réflexion qui invite le lecteur a en avoir d’autres, une sorte d’invitation au débat, une réflexion à haute voix, qui n’est pas une sentence mais le début de quelque chose, qui est là pour les autres, pour les aider, pour faire avancer les choses. Reliez cette idée à la notion même de didactique (cf. définition précise dans le dictionnaire) : il y a derrière une notion de pédagogie, d’apprentissage, d’aiguillage sur les voies de la réflexion et de la connaissance. On parle aujourd’hui beaucoup de didactique dans la formation des enseignants, pour leur apprendre à apprendre et à faire apprendre (la didactique des mathématiques a par exemple pour objet de montrer l’essence de certains concepts, de voir comme ils peuvent être développés, appréhendés et enseignés). L’idée qui me semble importante et qui différencie véritablement aujourd’hui les deux critiques est qu’on est ici dans l’idée d’une réflexion, d’une construction, d’une discussion à charge et décharge, contrairement à un jugement définitif qui a pour but de délivrer une certaine vérité à quelqu’un à un moment donné. La première étape consiste donc à finir de creuser ces notions pour les définir précisément, et notamment bien saisir la différence entre les deux critiques, de façon à bien voir de quoi il faut et ne faut pas parler ici.

Pour l’introduction, il faut commencer par amener rapidement le sujet ; par exemple, vous pouvez dire que pendant longtemps, la critique littéraire a été le fait d’érudits et d’auteurs eux-mêmes, qui donnaient leur avis sur les ½uvres du moment tout en se livrant à des réflexions plus profondes, mais l’apparition des journaux diffusés à grande échelle a marqué un tournant avec la séparation de la critique en deux genres : celle des journalistes et celles des intellectuels ou penseurs ou chercheurs même (la critique littéraire au sens de didactique est aussi beaucoup le fait des chercheurs aujourd’hui, renvoyant ainsi à cette notion de construction, de jugement non définitif ; celle idée me semble intéressante à évoquer dans la définition des termes et à creuser quelque peu, ne serait-ce que pour préparer la suite de l’argumentaire). Ceci fait, il vous faut définir précisément les termes du sujet, comme nous avons commencé à le faire ci-dessus et en reprenant aussi la dernière idée que je viens de mentionner. Vient alors la problématique, qui ici est claire : c’est le sujet ; toutefois, le sujet est un peu ramassé dans sa formulation et mérite d’être un peu développé dans la problématique, légèrement reformulé et réorienté en fonction des avancées précédentes ; il faudrait donc s’orienter vers quelque chose comme « quel est le but (à quoi sert en quelque sorte …) la critique littéraire ? », « qu’attendre de la critique littéraire, quel est son rôle ? ». La finalisation de la construction du plan et des arguments vous permettra in fine de trouver une formulation en bonne adéquation avec les points que vous allez défendre. La dernière étape est l’annonce du plan, que je vous propose à présent de commencer à construire.

Pour répondre à cette question « pourquoi » et trouver – idéalement – trois grands types d’explication, commencez par repartir de votre expérience, notamment en classe, ainsi que de lectures que vous avez pu faire sur le sujet. L’important est également d’organiser vos idées en partant toujours du plus simple, évident et global pour aller ensuite vers le plus précis. Partant de ce constat et des idées que nous avons commencé à développer plus haut quant aux fonctions de la critique littéraire telle que nous l’avons définie plus haut, je vous propose une construction de plan comme suit :

1) la critique littéraire permet de tirer d’expliquer les textes des écrivains, de donner des éclairages et des avis sur leurs ½uvres :
a) c’est une des fonctions premières des critiques (et depuis longtemps) : expliciter certains points des pensées des auteurs, qui peuvent ne pas être tout à fait clairs au premier abord pour le lecteur : on retrouve ici l’idée de didactique (même si parfois, cette critique n’interprète pas bien la pensée de l’auteur … : cf. passage des « Essais » de Montaigne longtemps interprété à tort comme un éloge de l’esclavagisme !)
b) tirer la « substantifique moelle » des ½uvres, en donnant au grand public des leçons de vie (notamment au théâtre, et c’était une fonction de la tragédie chez les Grecs, malheureusement c’est parfois trop complexe en terme de message pour que tout un chacun saisisse toutes les subtilités du premier abord)
Dans cette première partie, on peut donc montrer que la critique littéraire est au service de tous pour la compréhension profonde (a) puis l’interprétation (b) des ½uvres, pour en tirer tous les enseignements qui s’y trouvent distillés. C’est la première fonction qui vient à l’esprit, celle qui concerne le fond des ½uvres et donc a une utilité concrète très rapidement. Mais on peut aussi voir la chose comme un exercice de forme, une discipline presque à part entière (idée de transition avec la deuxième partie).

2) la critique littéraire est aussi un exercice intellectuel qui permet justement de développer l’esprit critique, la réflexion, la compréhension des lecteurs, au-delà du simple fond des ½uvres : c’est une discipline qui se développe presque pour elle-même, en parallèle ; elle n’est pas utile que pour les interprétations qu’elle donne, mais aussi pour les méthodes qu’elles déploient. Ces méthodes ont des utilités nombreuses, et à la limite, on peut aller assez loin dans les interprétations, même s’il ne fait pas trop s’étendre ici : les facultés développées ainsi chez les personnes concernées ont un lien avec la liberté, la démocratie, les arts etc.
L’idée est donc ici de montrer comment la discipline en tant que telle est finalement très utile pour elle-même. Mais les intérêts démontrés dans ces deux parties ont de plus en plus tendance à se rencontrer, notamment depuis la séparation plus franche des deux types de critique littéraire et l’appropriation du second par les chercheurs, dans la recherche, la capitalisation, la dynamique ainsi créée.

3) la critique littéraire est aussi une démarche de recherche (cf. notion de didactique, appropriation actuelle du genre par les chercheurs notamment, en littérature s’entend bien sûr). Fond et forme s’allient ici pour faire de la critique littéraire une démarche de capitalisation des idées acquises, mais aussi de remise en cause permanent de celle-ci, de réflexion sans cesse renouvelée ; les idées en elles-mêmes sont importantes bien sûr et les enseignements de vie sont à garder, mais le dynamisme et la non acceptation définitive permettent de participer à des choses importantes en démocratie : réflexion, débats contradictoires etc. Pour cela, il faut des chercheurs suffisamment érudits et savants, et ayant eux-mêmes beaucoup réfléchis, en maîtrisant les techniques.
L’idée directrice qui se dégage, la réponse personnelle que vous pouvez apporter au terme de votre réflexion est donc la suivante : la critique littéraire est donc là pour délivrer des messages de fond, pour remplir son objet premier mais elle est aussi fondamentale pour les méthodes et les façons de faire qu’elle déploie. Bien sûr que ses trouvailles sont essentielles et intéressantes, mais rien que le fait qu’elle existe et se développe, à la limite, pour exagérer, quoi qu’elle dise par ailleurs, est presque encore plus important ; son rôle dans nos sociétés contemporaines est tout à fait complémentaire de ce tout ce qui se fait par ailleurs pour développer l’esprit critique, la réflexion, mais aussi le niveau des connaissances permettant de mieux appréhender et comprendre le monde actuel (à partir des réflexions des écrivains sur celui-ci notamment).

D’un point de vue méthode, vous avez donc ici trois grandes parties, répondant toutes à la question de départ ; à partir de vos connaissances et des exemples en votre possession, il vous reste à organiser les idées en sous-parties (2 ou 3, en essayant toujours d’en avoir si possible le même nombre, pour des raisons d’équilibre). Pour le 1) par exemple, vous pouvez développer a) et b) pour en faire deux sous-parties s’enchaînant assez logiquement. Essayez donc de finaliser le plan en adoptant ce même type de démarche pour les autres parties. Le tout est que les parties et sous-parties s’enchaînent logiquement pour arriver à bâtir une démonstration logique, pour en arriver à votre conclusion finale. A ce titre, les transitions entre parties, même brèves sont essentielles ; elles doivent comporter résumé bref de la partie précédente et lien logique (insuffisance de l’idée première, aspect complémentaire etc.) avec la suivante ; j’ai essayé de vous suggérer quelque éléments en ce sens à la fin de l’explication de chaque grande partie. Pour vos sous-parties souvenez-vous également qu’un paragraphe est constitué d’une idée et un ou plusieurs exemples ; n’oubliez pas justement de prendre des exemples ici de vos lectures pour illustrer vos propos, ce n’en sera que plus convaincant. Pour la conclusion, faites un bilan de là où vous en êtes arrivé dans la réflexion (cf. idée directrice qui se dégage dans le paragraphe précédent) ; éventuellement, vous pouvez finir sur une ouverture, par exemple en comparant rapidement les deux types de critique littéraire identifiés ou en évoquant leurs évolutions respectives possibles.

J’espère vous avoir éclairé sur la méthode à suivre et les grandes idées qui pouvaient être traitées et mises en valeur. L’essentiel, vraiment, est que vous construisiez une réponse claire et personnelle à la question posée ; la construction du devoir est donc un point majeur, avec tout ce que cela induit en termes d’exemples, de clartés des propos, de transition etc. Gardez ce point de vue en tête, en essayant toujours d’apporter un plus à la question posée et il n’y a aucune raison que vous n’arriviez à une rédaction intéressante et plus que correcte.

Sur ces dernières recommandations méthodologiques, je vous souhaite bon courage pour la finalisation de votre réflexion et de votre rédaction.
Documents attachés :    aucun document joint.