en une : Sujet : causes de la crise de 1929

Comment balzac dans le colonel chabert a t-il entretenu l'intérêt de son lecteur grâce au déroulement narratif?

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 01/11/2007 - correction
                
Bonjour,

Tout d’abord, vous avez là je crois les principaux éléments de réponse à la question qui vous est posée ; on voit que vous avez compris de quoi il s’agit et analysé suffisamment l’½uvre pour faire une réponse cohérente et précise, avec un effort de construction à saluer. Je vous propose donc de reprendre ensemble les différents éléments et de les compléter au passage, ainsi que de voir, d’un point de vue méthode, comment finir d’affiner votre réponse.

Pour commencer donc, quelques mots simplement sur le contexte de la question : pourquoi vous a-t-on demandé de réfléchir à cette question et de démontrer quelque chose ? Je vois deux raisons essentielles que vous avez d’ailleurs en fait évoquées de vous-mêmes : les descriptions à la Balzac, longues, précises, souvent peu dynamiques malgré tout ou du moins assez lentes, et souvent, au passage, vues comme ennuyeuses et ne faisant pas vraiment avancer l’action par les élèves ! voilà donc déjà un premier point à analyser, pour montrer comment justement, au-delà de certaines idées préconçues, ces descriptions sont justement un moyen de tenir le lecteur en haleine sans l’ennuyer. Ensuite, il y a également le dénouement pas tout à fait précis et définitif que vous évoquez également : comment dans ce contexte l’auteur réussit-il à tenir le lecteur en haleine jusqu’au bout sans le décevoir et le laisser fuir, en le laissant augurer d’une fin « décevante » ? Il y a bien sûr d’autres points sur lesquels nous allons revenir, mais vous voyez que face à une telle question, il faut toujours se demander pourquoi elle a été posée, et notamment si c’est pour aller contre une opinion générale, toute faite et répandue ou au contraire confirmer l’une d’elle. Il vous faut donc aussi faire appel à vos réactions de lecteur : Balzac est souvent vu comme ennuyeux et long (« ça n’avance pas ! » entend-on souvent !) ; en quoi, une analyse littéraire peut-elle faire mentir cette sentence d’élèves, et en quoi votre propre expérience vous fait-elle dire cela ? Qu’est-ce qui vous a tenu en haleine dans le roman ? au contraire vous a ennuyé ? Vous avez vu l’essentiel de la réponse, mais je suis sûr qu’en reprenant ce questionnement à l’aide de vos souvenirs de lecteur, quelques autres détails vous reviendront et vous permettront de creuser quelques pistes complémentaires.

D’un point de vue idées majeures, voici les « incontournables », dont vous avez vu la plupart déjà de façon assez précise :

- l’incipit : effectivement, tenir le lecteur en haleine suppose de lui donner envie de rester dès la début ! Essayez de détailler quelque peu les éléments qui vont ont fait dire cela : certains propos, certains détails, certaines descriptions. Mettez ce point en valeur en vous demandant quels sont les deux ou trois éléments accrocheurs de l’incipit et citez-les. L’histoire en elle-même, du moins ce que l’on en sait au début, puis ce que l’on en apprend, contribue donc à atteindre cet objectif de captiver le lecteur : la forme, et notamment le déroulement narratif, sont bien sûr indispensables, mais si le fond est pauvre, le lecteur ne sera malgré tout pas intéressé du tout !

- ensuite, il y a effectivement les descriptions, longues, précises ; pourtant, dit ainsi, elles serviraient plutôt à faire fuir le lecteur ! Il faut donc voir en quoi justement elles servent le but de Balzac ; je vois deux facteurs majeurs que vous avez également approché : c’est l’occasion de donner des détails sur les personnages et les lieux, et donc des indices sur la psychologie ou telle action, détail qui se retrouvera ensuite et expliquera de nombreuses choses, un peu comme dans les énigmes policières : le lecteur sait qu’il accumule pour l’instant passivement de nombreux éléments, parfois très précis, mais que viendra un moment où il prendront tout leur sens, et ainsi, dans ces moments de description, le lecteur emmagasine et trépigne tout la fois ! Il se demande en quoi ce petit fait si peu significatif sera peut-être l’explication d’une des grandes questions du roman. Il faut donc montrer que la longueur est là dans un but précis et permet de retenir le lecteur. Ensuite, ce sont aussi des moments de respiration parfois salvateurs pour le lecteur, qui ne peut pas supporter l’action et l’inattendu tout le temps ! Ou alors cela va trop vite, il ne comprend plus tout, se lasse et/ou abandonne à cause de la complexité ; sans compter que cela est quand même aussi plus réaliste et qu’ainsi le lecteur attend le prochain coup de théâtre, dont il ne sait quand il va survenir. Trop d’action tue l’action, et le lecteur reste également parce qu’il sait que tout peut arriver n’importe quand, parce que justement il ne passe non plus quelque chose tout le temps. Pour étayer votre réponse, je vous suggère (cf. par la suite, dans une partie plus « méthode » la remarque sur la construction de la réponse et les exemples) de choisir une ou deux descriptions significatives de cette analyse, de les citer en analysant rapidement quelques points pour donner du poids à votre argumentaire.

- viennent ensuite les « flash backs » ou « retour en arrière » (d’ailleurs, proscrivez l’anglicisme dans votre réponse finale) ; dans le prolongement des descriptions, et en quelque sorte pour les mêmes raisons, cela permet comme vous le dites à la fois de marquer une respiration et de donner des informations pour la suite en suscitant l’attente à bon escient selon le processus décrit ci-dessus. Là aussi, reprenez un exemple pour illustrer et voyez éventuellement si vous pouvez apporter quelques détails supplémentaires ; votre analyse sur le changement de vêtement me paraît à ce titre excellente : prenez un exemple précis et montrez en quoi, à ce moment précis, cela apporte quelque chose à la démarche de Balzac, en quoi cela retient / va retenir le lecteur (encore une fois, basez-vous aussi sur votre expérience, votre ressenti de lecteur).

- je pense qu’il est aussi bon de revenir plus précisément sur le (ou les) point(s) de vue utilisé(s) ; vous avez tout à fait raison pour le point de vue externe, qui existe bien ici et sert bien à ce que vous dites, à savoir un regard extérieur qui met le narrateur au même niveau que le lecteur, et donc ne dévoile pas tout des sentiments ou faits passés des personnages ; ainsi, le lecteur sait qu’une partie de la vérité lui est encore inconnue et que seule un nouveau fait ou une nouvelle analyse lui permettra de progresser : il y a bien de l’information de distillée ainsi, mais pas toute ; tout le jeu consiste à faire envie au lecteur avec ce qui est dit, sans tout dire tout de suite pour autant bien sûr. J’apporterais simplement une nuance à votre analyse : je crois qu’il y a aussi par moment une touche de point de vue omniscient sur certains flash backs ou certains points touchant à Chabert lui-même ; essayez de trouver un ou deux passages de chaque point de vue pour illustrer à nouveau, et commentez l’usage du second : même s’il ne faut pas tout dire au lecteur pour qu’il reste (et le point de vue externe est bien utile pour cela car le lecteur ne croit pas qu’un narrateur omniscient lui cache des choses, il a l’impression d’être les yeux qui voient la scène et la retranscrivent ; c’est donc plus réaliste et stimulant, moins frustrant), il est parfois quand même nécessaire de recourir au point de vue omniscient par mesure de crédibilité : certains points importants, notamment des faits passés ou pointus de psychologie, ne peuvent être révélés que par un narrateur omniscient et l’absence de ces révélations semblerait suspecte ou illogique, guère mieux qu’un « parachutage » tout aussi illogique d’informations capitales.

- enfin, pour finir sur une idée qui permet de synthétiser les autres en même, on peut effectivement revenir sur l’usage des temps verbaux ; je ne m’étendrai pas sur ce point, vous avez vu l’essentiel : il s’agit des usages classiques des différents temps de l’indicatif dans le genre narratif. A titre d’exemple, vous pouvez choisir de citer et commenter brièvement un ou deux changements de temps à l’aide des idées que vous mentionnez : passage en description ou flash back etc. Je crois aussi que l’analyse du présent de narration mérite aussi un petit développement, même bref, par rapport à la question : c’est typiquement un des moyens stylistiques utilisés pour garder le lecteur, et c’est l’occasion, sans pour autant réciter une question de cours, que vous ne faites pas que de l’analyse littéraire au fil de l’eau, mais que vous utilisez aussi des connaissances théoriques plus précises en contexte ; c’est toujours un bon point pour vous et le témoignage d’un passage réussi entre connaissances du cours et compétences demandées dans les différents exercices littéraires qui vous sont proposés. C’est un moyen de mettre en valeur votre travail, en donnant confiance au correcteur, en montrant que vous vous appuyez sur du solide ; c’est toujours un petit plus pour valoriser vos dires.

D’un point de vue méthode, j’insisterai simplement sur trois points pour vous mettre de finaliser votre réponse au-delà du fond :

- vous avez fait l’effort de conclure votre réponse en reprenant les points principaux de façon rapide et efficace, c’est très bien ; essayez de faire de même pour introduire rapidement la question, même si ce n’est pas un devoir ou une dissertation très longue (présentation rapide du problème posé ; cf. début de la réponse, plus haut) ; c’est un petit plus pour vitre réponse tout d’abord, et vous obliger à faire ce genre de démarche (position du problème et introduction – développement – conclusion) vous permet d’acquérir des réflexes méthodologiques précieux pour la suite ;

- vous avez vu l’essentiel vraiment des arguments et vous avez fait là aussi un effort d’organisation, en paragraphes notamment : essayez pour affiner de présenter les arguments dans un ordre logique, du plus évident et global au plus pointu et particulier : l’incipit et l’histoire (le général et le début) puis les descriptions (qui sont assez longues et importantes dans l’½uvre et qui arrivent rapidement) puis les flash backs (sorte de descriptions particulières, telles que nous les avons présentées), ensuite les points de vue (du global toujours, mais plus pointu) et enfin les temps (on est ici beaucoup plus dans l’analytique, le précis déjà). Cette organisation, avec des liens logiques, même très simples, entre les arguments, vous permet de donner une réponse construite à la question et de mettre en valeur vos arguments, en même temps que vos capacités de réflexion ; une réponse construite, même avec des arguments qui paraissent de prime abord moins brillants, sera toujours valorisée, car c’est un effort intellectuel, au-delà d’une simple lecture ou récitation de connaissances.

- enfin, pour compléter là aussi vos analyse, ayez recours à chaque fois à un ou deux exemples bien choisis, clairs et parlants, même si l’objet n’est pas de les analyser en détail ; vos arguments sont tout à fait clairs et valables, mais il faut finir de leur donner du poids en les confrontant à la réalité de l’½uvre ; c’est en quelque sorte l’étape ultime de la crédibilité de votre réponse.

En résumé, votre réponse est déjà claire, structurée et assez complète ; quelques points de fond et quelques améliorations de forme devraient vous permettre de l’améliorer encore quelque peu, en la relisant à la lumière des remarques données ci-dessus. En tout cas, vous avez déjà fait un bon travail d’analyse et de synthèse et c’est une réponse déjà de qualité.

Je vous souhaite une bonne finalisation de votre travail.
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