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Comment doré parvient-il à rendre la parole des contes dans l'illustration?

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 19/10/2007 - Question de cours
                
Bonjour,

Question en effet peu évidente, car elle ne s’appuie pas sur un support précis, comme un texte ou un corpus. De plus, il faut comparer deux genres artistiques très différents, ce qui n’est pas évident non plus.

Tout d’abord, pour rendre la chose plus concrète, pensez au type de contes illustrés par Doré : ceux de Perrault, de la comtesse de Ségur, les fables de La Fontaine également. Ce sont des ½uvres relativement classiques qui cherchent à la fois à divertir les enfants et à faire passer des messages, sortes de morales simples mais efficaces, les grandes leçons de la vie. Cette remarque nous amène à la première question à se poser : définir précisément les termes de la question. La question est « comment ? » ; il faut donc chercher les moyens littéraires, artistiques mis en ½uvre par l’auteur dans ses gravures. Ensuite, il faut voir ce que signifie « rendre la parole des contes ». Avec notre remarque précédente, on voit qu’il s’agit de reproduire le message fort, la morale, de suggérer le discours tenu dans les contes (en effet, une seule gravure ne peut rendre toute l’histoire, tout le récit ; par contre, avec une seule gravure, on doit pouvoir dans ce cas deviner fortement ce qu’il y a dans le conte, quelle en est la morale). « Rendre la parole » signifie donner au lecteur le fond du contenu à la simple vision de l’image, comme un résumé instantané et profond, qui se comprend d’un seul coup d’½il, mais même jusque dans les détails, l’atmosphère etc. Cela veut dire qu’à la simple vision de l’image, le lecteur – observateur doit presque être capable de transcrire sur papier ce qui est dans le livre, tant sur le fond (le message et l’histoire qui amène à le dévoiler) que la forme (l’atmosphère, le type d’écriture etc.). Avant donc que de regarder les gravures (du moins quelques-unes) pour avoir un support concret de réflexion, commencez par finaliser la définition de la question : que recherchez-vous dans le style des gravures ? que doit-on y voir ? Ceci identifié, et pour répondre à la question « comment ? », vous pourrez passer à l’identification des moyens utilisés dans ce contexte par Doré.

En en prenant au hasard quelques-uns, tirées des illustrations des contes les plus célèbres cités ci-dessus, les principaux moyens qui apparaissent pour rendre la parole du conte sont : (on cherche des moyens stylistiques en fait comme vous chercheriez des métaphores, litotes et autres allitérations dans un texte littéraire) :
- les détails de contexte : même avec peu d’objets ou d’éléments de l’environnement, on sait très précisément dans quel contexte on est ; c’est parce que les éléments choisis sont hautement représentatifs et suggestifs (ex : la gravure du Petit Chaperon Rouge : on voit deux gros troncs d’arbre autour de la fillette et du loup et cela suggère le climat sombre et isolé, peu sûr [la forêt sombre] pour une forêt sombre et on imagine ce qui va pouvoir arriver en condamnant l’imprudence et la candeur de la petite fille de se retrouver dans une telle situation ; idem pour la Tour de Babel, la hauteur de la tour et les nuages autour montrent la hauteur et le côté irréel, symbolique de la chose, donc une sorte de paradis qui ne peut perdurer etc.). Voyez d’autres gravures pour d’autres exemples du même type : quelques éléments, simples et efficaces, suffisent pour planter précisément le décor, suggestif pour le lecteur ;
- le niveau des détails des personnages : les attitudes, les habits, le regard, les traits physiques sont extrêmement précis et témoignent de traits de caractères (ex : l’ogre a de grands yeux plein de sang très expressifs : on sent qu’il veut manger les enfants ; la jeune fille de Barbe Bleue apeurée etc.), leur expressivité ;
- la représentativité des scènes choisies : elles permettent à elles seules de reconstituer l’histoire et sa morale ;
- l’impression de mouvements : vagues, nuages, mouvements des personnages rendent la scène vivante et on imagine plus facilement la suite de l’histoire donc son dénouement et la morale à en tirer (ce qu’il faut faire / ne pas faire ; pourquoi et comment cela est arrivé) ;

Choix des scènes du conte, expressivité des personnages et du contexte sont donc les éléments majeurs qui permettent à Doré de faire dire à l’image ce qu’il y a dans le conte. Reprenez d’autres gravures de Doré (images facilement trouvables sur Internet) et essayez de trouvez pour chacune d’elles des caractéristiques autres et listées ci-dessus ; vous pourrez ensuite éventuellement retrouver des sous-catégories plus précises. L’idéal est pour compléter cette base de prendre quelques gravures de chaque grand ouvrage illustré et de la regarder avec en tête la question explicitée au début : « qu’est-ce qui fait (quel moyen ?) que l’on a ce qui est dit dans le conte en voyant cette image ? ». Une fois ce travail de listing réalisé, vous pourrez regrouper les types de moyens, notamment à l’aide du début de nomenclature ci-dessus et trouver des grands thèmes. Il vous faudra alors pour la rédaction bien sûr les classer du plus évident et plus utilisé ou plus fin, plus inattendu.

Bonne réflexion et bon travail sur ces gravures.
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