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Commentaire composé flaubert madame bovary

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 07/10/2007 - correction
                
Bonjour,

Tout d’abord, il n’est pas anormal qu’en ce début d’année scolaire, vous ne soyez pas encore totalement familiarisé avec l’exercice du composé ; celui-ci est de plus quelque peu déconcertant car le texte est court et extrêmement descriptif, d’une traite, sur un seul thème, et il est bien concevable que cela vous effraie un peu au premier abord pour trouver ensuite des axes de lecture à développer. Toutefois, comme à chaque fois que vous êtes devant une difficulté de ce type, vous ne devez pas paniquer, mais vous raccrocher à la méthode. Personne n’a du premier coup à la lecture d’un texte ou du libellé d’un sujet le plan parfait en tête ; seule la méthode permet de réaliser un devoir tout à fait correct. Je vous propose donc de revoir ensemble cette méthode, que vous pourrez ensuite reprendre calmement, et de l’appliquer à cet extrait. Vous verrez l’importance mais aussi le côté rassurant d’utiliser des méthodes même en français ; et en les appliquant à chaque fois, vous allez gagner en efficacité de devoir en devoir et prendre confiance en vous, pour être totalement opérationnel le jour de l’examen. Ensuite, et si vous le temps de rédiger complètement ce devoir avant la date limite, vous pourrez soumettre votre composition dans une nouvelle question pour avoir un avis précis et personnel avant de rendre votre copie.

Première étape en présence d’un texte à commenter : le situer dans l’½uvre autant que faire se peut pour en dégager les enjeux narratifs et identifier le thème principal, mieux le saisir. La place du texte dans le reste de l’½uvre donne déjà beaucoup d’indices sur la façon dont il faut comprendre le texte. Faites toujours cet effort de remise en contexte, il évite beaucoup de contresens et de recherches inutiles. Nous sommes ici dans la première partie de « Madame Bovary » de Flaubert. Charles Bovary a fini ses études de médecine peu brillantes et a fini par se marier avec la riche Mme Dubuc ; il se rend souvent dans un domaine administré par le père d’Emma, une jeune dont il tombe amoureux, ce qui suscite la jalousie de sa femme. Cette dernière finit par mourir après que son notaire est parti avec sa fortune. Charles finira alors par épouser Emma, élevée au couvent et pétrit de littérature, notamment de chevalerie ou féminine ; sa vision de la vie est celle des livres, elle en sera bientôt déçue. L’hiver a été consacré aux préparatifs du mariage qui a lieu à la belle saison ; l’extrait nous décrit, dans ce contexte, l’arrivée des convives. Vous voyez donc que même s’il n’y est pas question des mariés, nous les cernons maintenant mieux, ainsi le contexte particulier de leur mariage, qui va être célébré. Dans l’introduction, vous commencez donc par resituer rapidement le passage étudié dans l’½uvre puis le citer plus précisément (limites et localisation). Ceci fait, vous pourrez passer, après une courte présentation voire résumé du passage, à l’annonce du plan, i.e. deux ou trois axes de lecture. Nous allons maintenant voir comment choisir ces axes, et nous reviendrons ensuite sur la rédaction à proprement parler.

Le thème général est le mariage, plus précisément, il s’agit de l’arrivée des convives dans le lieu qui va servir de mariage ; c’est une description des invités, de leurs habits, de leurs conditions, du contexte qui les entoure, de leurs manières et du déroulement précis et physique de cette arrivée. Nous venons de voir, à travers le résumé, l’axe majeur et les sous-axes du texte. Maintenant, il nous faut trouver trois axes de lecture, chacun correspondant à un thème du texte (idéalement, chaque thème étudie des passages du début, du milieu comme de la fin du texte ; sauf dans des cas très particuliers d’études linéaires, il vaut mieux éviter un thème début, un thème milieu et un thème fin), et qui puisse aussi être étudié par le filtre de la forme (temps, processus stylistiques, images etc.). En effet, dans le commentaire composé, il faut en permanence lier fond et forme ; à chaque idée développée, vous citez le texte concerné, que vous incluez si possible dans vos phrases de commentaires (« c’est que pour cela que Flaubert en vient à dire d’eux qu’ils sont ‘ …’. » par exemple) et que vous expliquez précisément à chaque fois. En théorie, et surtout pour un texte aussi court, tout le texte de base devrait être cité au final dans le devoir, mais par petits groupes de mots bien sûr (pas de phrases entières d’un coup).

Les thèmes présents ici sont donc : les habits des convives (thème très documenté : il faudra étudier la description bien sûr mais surtout interpréter : ce que cela traduit, montre, pourquoi ces détails sont-ils cités etc.) ; l’organisation de l’arrivée des convives (la partie plus narrative du début surtout, la seule presque ; là c’est bien une scène qui se déroule sous nos yeux, avec encore force détails : pourquoi ? dans quel but ?) ; la description d’une certaine partie de la société (les commentaires de l’auteur sont clairs et directs : il nous montre une catégorie sociale particulière ici, qu’il juge quand même au passage). Voilà les trois grands thèmes qui apparaissent autour de ce mariage dans ce texte (quand vous avez une assez longue énumération ou partie descriptive, cela vous donne souvent un thème). Comme vous devez globalement citer tout le texte, regarder les parties qui rentrent dans le premier thème trouvé et regarder ce qui reste comme texte « non utilisé » (même si des passages peuvent rentrer dans deux axes) ; cela vous aide à voir les thèmes séparés qui restent. Enfin, il faut les organiser de façon logique : du plus simple au plus complexe, du plus évident au plus réfléchi (l’ordre chronologique du texte ou des événements narrés peut aussi parfois aider). Avec ces règles, je vous propose donc ici cet agencement :
1) la description d’une scène d’arrivée à un mariage : c’est essentiellement le début du texte ; c’est presque une scène de théâtre, on a l’impression d’y être ! Au début, l’image décrite contraste beaucoup avec l’idée que l’on se fait d’un mariage : précipitation, manque d’élégance et d’organisation ; la sortie de voiture fait plus penser à une sortie de camion de marché à bestiaux. Image incongrue donc, relayée par la vitesse : tout le monde court, se précipite, agit selon sans penser (parfois avec disgrâce en s’étirant etc.). Vous voyez sur ces exemples que l’on peut facilement mêler le fond (l’événement de l’arrivée) et la forme (rythme des phrases, ponctuation, vocabulaire employée, métaphore et image renvoyée etc.). De même en fin de texte, on évoque les « bas bouts de table » donc une partie peu montrable et peu reluisante du mariage : tout n’est pas rose comme dans un conte de fée (et cela fait déjà écho au chapitre suivant dans lequel on découvre l’éducation et la vision livresque d’Emma). Vous pouvez donc ici étudier l’événement en lui-même, en décalage avec ce que l’on s’attend à voir et voir comment cela annonce déjà la suite du livre. La transition est alors toute trouvée : cette image peu reluisante n’est pas due qu’à l’événement, la précipitation et les circonstances, elles est essentiellement due aux gens présents et la première description (et la principale) que nous en avons est celle des vêtements.

2) l’habillement des convives : là encore, la description avec force ponctuation et détails dans les locutions souligne le décalage entre l’événement et ce que l’on s’attend à voir (surtout encore une fois pour jeune fille comme Emma) et ce qui se passe. Les femmes sont endimanchées et pas habituées du tout à ce genre à porter de tels vêtements. Les jeunes filles, mi-enfant mi-jeune fille vraiment (contraste entre le maquillage et les gants blancs d’une part et le reste de la description de l’autre part), semblent aussi mal à leur place. C’est une critique reprise de façon très précise pour les hommes : les garçons sont semblables à leurs papas ; et cela est ridicule est dans les deux sens : ce n’est pas naturel soit pour raison d’âge soit parce que cela ne fait pas naturel du tout. Ainsi, personne n’est vraiment à sa place ; le manque d’habitude, d’éducation voire de connaissance de type de manifestations si l’on peut dire leur font faire n’importe quoi, mais aussi parce qu’ils ne sont pas du tout dans leur peau habituelle et donc sans doute mal à l’aise (mais ce genre de décalages n’est pas si étonnant que cela à l’époque). Le contraste, le décalage sont évidents et cela en devient presque clownesque et risible (« comme des sacs », « vestes de gros draps », « coupés par la hache du charpentier »). Vous avez de quoi alimenter cette rubrique par toutes les descriptions de milieu du texte, qui sont à la fois riches et diverses. Certes, Flaubert se moque un peu pour souligner le décalage (notamment avec les pensées d’Emma) et pour divertir un peu le lecteur dans une atmosphère assez austère voire pesante tout de même, mais cela reste gentillet et on sent quand même un regard amusé mais attendri. Cela sert surtout à interpeler le lecteur sur la société du XIXème siècle, comme souvent pour ces auteurs, et notamment sur les classes sociales.

3) la description d’une catégorie sociale à l’occasion d’un mariage : on reste ici dans une classe malgré tout moyenne (voyez le passage où comme il n’y avait pas de cochets, ce sont les hommes, endimanchés, qui en faisaient foi). Ceci se manifeste par les habits comme l’attitude. Ce qui est saisissant, c’est que Flaubert dit très clairement vers la fin du texte que ces critères permettent de distinguer clairement les différentes catégories sociales (il parle aussi de la famille, à entendre au sens de poids de la tradition familiale, signe de distinction et haute appartenance sociale à cette époque, c’est une sorte de copie des valeurs nobles par la bourgeoisie naissante), on sent malgré tout dans toute sa description que ces différences restent assez subtiles et qu’au final il identifie un seul groupe, somme toute assez homogène (même ceux qui seront en bas bout de table y seront conviés à cette table ; avec des différences plus grandes ou en d’autres mondes, les tables auraient été séparées voire les personnes physiquement rejetées hors de la zone de festoiement). L’enseignement est donc que certes des critères en apparence assez objectifs et clairs (habits, valeurs etc.) permettent de différencier les gens, mais finalement une fois tous mis ensemble dans un certain contexte vi de manière très global, on définit des catégories finalement beaucoup plus grosses, moins détaillées, moins subtiles. Il existe donc une catégorie assez loin des rêves et visions d’Emma (c’en est encore une fois presque comique d’ailleurs), et c’est surtout ce contraste que l’auteur veut montrer et appuyer mais il évoque quand même les subtilités pour montrer qu’il se rapproche et tient compte du réel. Au final, on est dans une classe sociale apprenante de toutes ces choses (celle pour qui le dimanche et ses solennités sont un monde bien à part du quotidien) et que c’est finalement Emma qui est en dehors de la réalité. L’éducation aussi doit vivre avec son temps, même si celui-ci n’est pas très reluisant voire romantique pour une jeune femme comme elle … C’est un des messages forts de Flaubert.

Pour compléter l’analyse qui doit toujours encore une fois (je me répète mais c’est une règle fondamentale du commentaire composé qui fait le lien incessant entre le texte et son commentaire) faire le va et vient entre texte et commentaire, repensez aussi toujours aux remarques que vous vous faites à la première lecture (essayez de les noter) : tel passage vous a fait rire, tel autre vous a paru bizarre, vous a interpelé, fait appelle à une référence autre etc. Ces remarques qui sont déjà des analyses en elles-mêmes doivent transparaître dans votre devoir, car le commentaire composé est censé être exhaustif, discuter tout le reste et faire toutes les remarques dessus (c’est difficile bien sûr, c’est pour cela que je vous conseille de noter toutes vos idées ou remarques au fur et à mesure, car même si ce n’est pas construit au début, cela vous évite d’en prendre et vous permet de viser à l’exhaustivité, de rattacher certaines idées aux thèmes choisis, d’être vraiment plus complet). Enfin, vous avez vu que le contexte de l’½uvre nous aide beaucoup à l’interprétation d’un si court extrait peu narratif. De manière générale, essayez toujours, pour trouver des arguments et évitez les contresens, de vous raccrocher à la connaissance de l’½uvre quand c’est possible, sinon de l’auteur (ses idées, autres ½uvres etc.), du courant littéraire ou de l’époque, du thème (par exemple, la poésie, la biographie etc.). Le jour de l’examen, le lien avec un thème étudié en classe est de toute façon évident et souvent un autre lien est possible qui doit vous aider. Mais l’important est d’étudier de toute façon le texte intégralement et d’en donner une lecture construite et personnelle ; du moment qu’il n’y a pas de contresens flagrant, toutes les positions sont recevables si argumentées. Le commentaire composé, c’est de toute façon moitié de fond et moitié de méthode et forme. Travaillez les deux en parallèle et il n’y a aucune raison que vous n’atteignez pas un résultat honorable.

Sur ce, je vous souhaite bon courage et plein succès pour ce devoir.
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