en une : Le raisonnement par récurrence

Etudiante etrangere en masteur, demande de correction des parties de mon travail!

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 01/09/2007 - correction
                
[nous avons mis nos corrections formelles entre ces signes. Nous ne nous sommes pas prononcés sur le fond, mais j’attire votre attention sur la difficulté de compréhension de certaines de vos tournures ou expressions. Il nous paraît utile de demander la relecture de personnes dans votre entourage universitaire proche, pour une discussion précise de votre intention et de son écriture] Avant d’aborder le sujet de cette recherche, nous voudrions commencer par deux contes chinois que Claudel a racontés dans ses écrits. Le premier est l’histoire de la cloche dans Connaissance de l’Est : la jeune fille du fondeur, touchée par le désespoir de son vieux père qui s’était épuisé à faire une cloche idéale dont le son permettrait d’y « sentir la vie », se décida d’y consacrer sa propre vie en se lançant dans le métal en fusion. Un chef-d’oeuvre fut ainsi achevé. Le père, épuisé de fatigue, mourut aussi dans le retentissement de son oeuvre ; [couper ici, avant l’évocation du second conte] le deuxième [préférez : le second, car il n’y en a que deux] est celle [accord incorrect : est celui] du vieux peintre dans l’Oeil Écoute. Le vieil homme rédigea le dernier tableau de sa vie pour en faire « une espèce de séjour définitif pour son âme ». Il le montra devant l’empereur et sa cour, écouta patiemment leurs avis [et] surtout leurs critiques, s’inclina et « disparut » dans la toile .
Ces deux contes, l’un finit par la mort de la jeune fille et de son père, l’autre par la disparition du peintre. Leur rencontre dans le monde claudélien ne nous paraît pas un simple hasard. Au moins elle met en relief un fil qui existe toujours chez Claudel et plutôt du côté de l’anima [phrase peu claire : mettre en relief un fil du côté de l’anima…]: un fil qui lie l’art au mystère de la vie et la vie au mystère de l’art, que conduit la perception et la création vers l’intérieur des choses, et dépasse la distance d’une trentaine d’années, traverse Connaissance de l’Est et l’Oeil Écoute voire aboutit jusqu’à la fin de la vie du poète-critique [l’ensemble du passage est peu clair. « Que conduit » se rapporte à quel terme ? pourquoi ? « dépasse la distance d’une trentaine d’années » est également obscur…on peine à vous suivre]. Nous sommes étonnés par le fait que ces contes réécrits par le poète aient touché l’essentiel de la vieille esthétique chinoise voire l’a [ont] parfaitement transmis: après de longues années de travail du fondeur ou du peintre, la fusion de la vie en art semble d’être un tire [tir] au but [l’expression est utilisée dans le cas des matches de football. L’image est donc assez incongrue ici] pour achever une oeuvre idéale ou (si nous employons la terminologie chinoise) « divine(shen) » [divine est chinois ?] , par rapport à la banalité des oeuvres et des esprits ordinaires. L’art n’est jamais séparable de la vie pour les anciens artistes chinois, il s’est fait [préférez : il se fait] dans la vie et son succès reflète la vie qui l’a fait. Sous la plume de Claudel, le fondeur de cloches et le vieux peintre semblent posséder la vertue [vertu] d’un vrai pratiquant, ascète pieux ou ermite détaché du monde; d’une [préférez : « dans une » ]autre perspective, le fait que la jeune fille se jeta dans le métal et que le vieux peintre disparut dans la toile révèle la magie d’un dedans dans l’oeuvre d’art, qui implique à la fois complétude et disparition--« plein » par rapport à l’inachevé, « vide » par rapport à la chair jadis vivante----, engendre et élargit l’espace esthétique d’une oeuvre : retentissante comme la cloche et insaisissable comme les manches du vieux peintre.

La cloche et la toile, la voix et le voir, pourrions-nous dire, comme Claudel-Pierre Perez a fait remarqué [le fait remarquer] dans son manuscrit [est-ce réellement un manuscrit « document écrit à la main », ou plutôt un article ?], qu’entre Connaissance de l’Est et l’Oeil Écoute, il y a une correspondance de loin? Mais ce n’est pas la Hollande qui fait écho à l’empire de Chine, c’est plutôt un style qui existe déjà dans « les petits tableaux dessinés en Chine » [il manque une terme de liaison pour ces deux verbes conjugués : et, ou alors une ponctuation] se présente discrètement dans les essais sur la peinture occidentale. Nous employons le mot « style », parce qu’il renvoie à cette jolie réflexion d’Oscar Wild[e] sur le voyage et l’effet exotique :

« Les Japonais sont, comme je l’ai dit, tout simplement une forme de style, une exquise fantaisie artistique. Et ainsi, si vous désirez voir des effets japonais, vous ne vous ferez pas voyageur, vous n’irez pas à Tokyo. Au contraire, vous resterez chez vous, et vous vous plongerez dans l’étude de certains artistes japonais; puis, quand vous aurez assimilé l’esprit de leur style et bien assimilé leur méthode imaginative de vision, vous irez quelque après-midi vous asseoir dans le Parc ou encore dans Piccadilly; et si vous ne pouvez voir là des effets absolument japonais, vous n’en verrez nulle part ». (nous soulignons) [préférez « c’est moi qui souligne ou souligné par nous]

Il ne s’agit donc pas forcément d’un déplacement géographique pour connaître et représenter l’autre, c’est pourquoi dans la description du paysage hollandais on sent la nostalgie de la Chine. En ce sens, Deleuze a raison de proclamer cette formule : « penser, c’est voyager ». Si le voyage avait d’autres possibilités, de même, l’effet exotique d’un texte pourrait avoir plusieurs degrés [peu clair]: il y a la couleur locale dont la première fonction est informative, c’est-à-dire que le sens des mots renvoie à l’existence réelle (ex. le jardin) ou virtuelle(ex. le dragon) d’un monde exotique, et leur présence dans le texte a pour fonction de nous informer de ces référents ou de leur rencontre avec le narrateur; il y a l’emprunt de formes langagières exotiques dans un autre système de langue, nous pensons à l’expérimentation des idéogrammes occidentaux, à la mise en page sous forme de stèle ou d’éventail, à la renaissance des métaphores-clichés orientales en langue occidentale voire aux efforts des Imagistes qui ont mis en pratique le modèle de la poésie chinoise classique... Ce virage produit souvent un effet de l’étrangeté [préférez : « un effet d’étrangeté »] par rapport au lecteur sédentaire ainsi qu’au monde étranger dont il rend compte; il y a encore, selon notre expérience de lecture, un effet qui nous semble toucher quelque chose d’essentiel d’une culture étrangère [« dans une »], qu’il s’agisse d’une heureuse rencontre occasionnelle, d’une imprégnation profonde et imperceptible ou d’une transmission de l’esprit par rapport au transfert de formes. L’exotique est ici caché, au niveau de la signifiance, du texte---c’est le style ou la méthode imaginative de vision dont parlait Oscar Wild[e], c’est aussi la rencontre de l’art poétique claudélien et l’esthétique chinoise que la convergence des contes réécrits par le poète nous révèle.

Sujet d’étude et état des lieux de la recherche :

La vie et le dedans, la voix et le voir, le voyage et l’exotique, ces mots mis en relief par la réécriture claudélienne établissent les trois dimensions de notre recherche et convergent vers un seul mot : espace. Ce mot par lui-même implique déjà des domaines très variés et disparates: géographique, plastique, architecturale, graphique, imaginaire...Chez Claudel, il s’agit de représenter l’espace vécu dans l’écriture, de par[ra]tiquer l’écriture comme la peinture et de retrouver dans les tableaux l’objet d’une appréhension où recommence l’espace imaginaire, dans ce cycle se reflète la connaissance du poète sur l’ est et jouent la pensée des yeux et la force de l’écoute. C’est autour de ce mot que notre recherche s’est élaboré[e]. Trois oeuvres composent nos corpus principaux [notre corpus principal]: Connaissance de l’Est, l’Oeil Écoute et Art Poétique avec d’autres écrits du poète recueillis dans l’Oeuvre Poétique et les Oeuvres en Prose de l’édition Gallimard comme références secondaires. Les pièces de théâtres sont à compléter après l’étude de master.
A propos du sujet de « l’ espace » et de ces trois oeuvres-clés du poète qui nous rappellent la couleur « exotique » de la Chine, les travaux sont finalement assez peu nombreux. En 1965, André Vachon a publié une monographie sur Le Temps et l’Espace dans l’Oeuvre de Paul Claudel. Le point de départ de cette recherche est de lier les oeuvres du poète à ses expériences chrétiennes aux époques différentes [aux différentes époques]. Ce travail fructueux a consacré un petit chapitre à Connaissance de l’Est dans lequel le critique signale les repères qui reconstruisent l’espace exploré par l’écrivain voyageur, mais l’accent mis sur le caractère religieux a sans doute réduit la connotation riche de l’espace poétique et exotique du recueil, il en est de même pour l’Art Poétique et L’oeil écoute, au dernier le critique n’a consacré que de brèves remarques. Au sujet de l’espace, il faut mentionner particulièrement la recherche de Michel Brethenoux qui a soutenu en 1979 une thèse sur « l’espace claudélien » , puis publié en 1994 un article portant sur le même sujet : « Que faut-il entendre par ‘‘l’espace claudélien?’’ » . L’objectif de cette recherche continue est d’effectuer une investigation exhaustive sur la pensée spatialisante de Claudel de sa dimension[supprimer le s final] géométrique aux cosmique [s ? incompréhensible, peut-être manque-t-il un mot] et « énergétique ». En [dans le] prolongement de cette recherche, une étude mettant l’accent sur la notion de « l’espace littéraire » et sa genèse en « co-naissance » avec l’esthétique chinoise nous semble complémentaire et nécessaire.
A propos de l’affinité problématique entre Claudel et la Chine, on sait l’étonnement de Victor Segalen lorsqu’il apprit que l’auteur de Connaissance de l’Est ne savait pas lire le chinois et l’impression vague d’un lecteur chinois Hung Chengfu qui ressentit dans le même recueil une « inconsciente filiation à l’art de notre pays » . Si l’orientalité est incontestable dans Connaissance de l’Est comme ce que son titre nous avère, elle reste jusqu’à l’heure actuelle ambiguë. Dans son manuscrit [cf. supra], Claudel-Pierre Perez s’interroge [se demande] s’il y a une « théorie » pour ce recueil composé de soixante et une proses, de même Yvan Daniel dans son Paul Claudel et l’Empire du Milieu constate la difficulté d’ « expliquer vraiment l’origine du caractère profondément chinois » du recueil. Il faut aussi signaler la recherche pionnière de Gilbert Gadoffre intitulé Claudel et l’Univers chinois, qui trace la toile de fond de la création du poète en précisant l’activité du consul en Chine, mais la présence de l’est et la connaissance du poète reste encore à exploiter.
En ce sens, l’espace poétique et exotique des oeuvres claudéliennes est à explorer davantage [supprimer davantage] dans deux directions : 1. vers l’ « espace littéraire » comme un effet de la genèse (in)textuelle et et un événement de la lecture, à éclairer les moyens et les causes par l’analyse textuelle; 2 vers l’« espace exotique » qui touche l’essentiel d’une culture étrangère et suggère un nouvel dialogue entre l’orient et l’occident---ces deux tâches font l’objectif principal de notre recherche. « Point d’effet sans causes. Sans causes au pluriel. » Nous essayons donc dans ce travail de préciser en quoi consiste le « caractère profondément chinois » de Connaissance de l’Est et son lien avec l’Oeil Écoute. Sans prétendre épuiser toutes les causes qui font l’orientalité du poète (ce qui resterait théoriquement un travail inachevable) , nous voudrions au moins sortir du mot de « l’[supprimer l'article] affinité » et aller plus loin dans l’étude de ce genre d’écritures transculturelles. Et cette recherche des causes nous conduit indispensablement vers une reflexion sur « l’espace littéraire » qui reste jusqu’à nos jours un terme flou et fluide.
Nous envisageons [envisager correspond à une intention un peu trop faible au regard de l'état de votre projet] une thèse sur ce sujet. A [en] l’état actuel, nous nous contentons d’en formuler une partie [?] qui n’est pas de mûres réflexions [incompréhensible], étant donné[supprimer le e final] que le sujet exige un tissage d’analyses à la fois textuelle et théorique, dont chacune implique en fait un champ immense : les écrits d’un écrivain productif et une confrontation des notions esthétiques issues des traditions orientale et occidentale.
L’approche que nous utilisons est multiple, simplement par commodité, mais le primat est de considérer les oeuvres de Claudel comme un ensemble, un corps, comme le poète lui-même l’a dit dans son Art Poétique : « L’expérience ne fait que nous fournir, pour ainsi dire, le papier et l’encre, le moyen de représenter ces idées, le champ sur qui projeter l’ombre de notre unité » .
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