en une : Le raisonnement par récurrence

Dissertation

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 01/05/2007 - correction
                
Bonjour,

merci pour ces infos. Pas de problème pour le délai, je comprends bien votre besoin de temps en effet après pour finaliser tout cela (j'avais en fait prévu de vous répondre hier soir mais l'orage et ses conséquences sur le réseau électrique en ont décidé autrement ...).

Pour revenir donc votre question, ce sujet très abrupt présente en effet une difficulté (avoir idéalement vécu une situation par soi-même) et un piège : multiplier les exemples et arguments de réactions ou sentiments du spectateur au détriment d'exemples précis d'oeuvres (car il s'agit bien toujours d'une dissertation littéraire !). Voyons comment pallier déjà ces deux écueils.

Pour le côté déconcertant, raccrochez-vous toujours à la méthode : mettez sur papier des arguments et mots-clefs, des exemples d'oeuvres que vous connaissez, définissez les mots du sujet, essayez de trouver un fil conducteur. Dans un sujet comme celui-là (qui pose une question fermée), vous pouvez toujours "au pire" (bien que ce soit rarement catastrophique) vous reporter sur le traditionnel plan thèse-antithèse-synthèse (oui / non / position médiane). Cela vous donne un plan en 3 parties auquel vous raccrocher. Bien sûr, un plan plus progressif et original en 3 parties est toujours possible, mais souvent plus difficile et pas forcément payant au final. Ce plan classique de dissertation a le mérite de vous permettre de présenter des arguments successifs et de discuter donc de donner en 3ème une sorte de solution, votre vision réfléchie et c'est bien cela qui vous est demandé.

Pour l'écueil, il faut éviter de trop donner dans le psychologique ou le ressenti. Vous n'avez peut-être en plus pas vu beaucoup de pièces mais avez au moins lu celles au programme. Dans ces pièces, certaines didascalies par exemple ne sont pas toujours très claires ou sont équivoques (votre professeur peut vous les avoir signalées ou vous pouvez vous-même vous interroger dessus). Peut-être qu'aucun metteur en scène n'a encore joué sur ces possibilités, mais dans l'absolu ce pourrait être fait : vous pouvez donc parler de mises en scène différentes (ce qui est bien le sujet) tout en donnant des exemples précis comme attendu dans une discussion littéraire, et vous pourrez alors plus élégamment vous servir de ce type d'arguments. Avec cette vision, vous pouvez contourner l'obstacle : l'essentiel est de bien dire à quel problème de mise en scène ou compréhension vous faites allusion et quelles sont les interprétations possibles.

Voilà pour les idées directrices. Commencez ensuite par revenir sur les mots-clefs du sujet et notamment "pièce" et "mise en scène" : une mise en scène est-elle une simple récitation de texte ? une conformité aux didascalies ? quelle est la part d'influence des acteurs ? leur liberté ? du metteur en scène ? que penser des mots "adaptation" ou "trahison" ? ...Bref, essayez de bien définir les composantes de ces deux termes et leurs relations. A partir de là, vous pouvez rédiger une introduction : amener le sujet (par exemple : les pièces de théâtre dès le début de l'Histoire ont été faites aussi pour être jouer, d'où un questionnement légitime sur le fossé entre l'écrit et la scène), puis définir les termes du sujet, puis la problématique, la question (est-ce oui ou non voir deux fois la même pièce ?) et on termine par l'annonce du sujet.

Ensuite, essayez de trouver deux ou trois idées pour faire deux ou trois paragraphes dans chaque partie (= une idée + 1 ou 2 exemples).

I- A priori, c'est la même pièce ... : c'est le texte qui compte au-delà de l'intonation, l'auteur est en général très précis sur les didascalies (regardez celles de L'Ile aux Esclaves qui laissent peu de liberté, si ce n'est peut-être le décor, plus ou moins chargé, mais dans quelle mesure fait-il partie de la pièce à proprement parler ?). Les pièces classiques jouées aujourd'hui continuent de délivrer le même message puisque c'est cela le but (à la limite peu importe les petites adaptations ou modernisations du langage ...) : prenez ici par exemple une pièce de Molière avec Mnouchkine (théâtre filmé certes mais produisant souvent les élèves le même effet que les représentations d'époque ...). Ici, on montre qu'une pièce est avant tut un message et que la partie figée (texte etc.) est très forte, assurant une bonne unité.

II - Pourtant, marge de manoeuvre du metteur en scène ... qui peut changer beaucoup de choses (déjà parce que certains prennent quelques libertés que seuls ceux qui ont le texte sous les yeux constatent ! : il y a une part de contrat entre les parties). Ces détails peuvent tout changer : décors, costumes ... (surtout quand ils sont modernisés). Par exemple, Bigard a gardé le texte original du "Bourgeois Gentilhomme", mais le décor a été transposé dans un magasin de sport et le fait que Bigard joue M. Jourdain a bien sûr eu un effet très particulier sur le public (d'ailleurs, est-ce le même public qui serait allé voir une représentation plus conformiste ?). Donc grande part de liberté au metteur en scène et aux acteurs : une pièce différente à chaque fois car moment différent à chaque fois (on peut voir deux jours différents la même mise en scène et le ressentir différemment selon son ressenti du moment). Les détails parfois flous volontairement laissés par les auteurs (ex : Ionesco, dans "La Cantatrice Chauve" notamment qui a donné lieu à de multiples mises en scène) en sont une autre preuve.

III - certes, l'important c'est le message, mais toutes ces variations de forme ont une influence plus détournée dessus : le message peut rester mais sa façon de délivrer n'est pas neutre (ex encore : Bigard ou les pièces classiques jouées aujourd'hui). Cela dépend en fait beaucoup de la personnalité de l'auteur et de sa volonté de fermer les possibilités ou non ... Cela dépend de leur volonté : donner un message précis, cloisonné, ou plutôt faire réagir et réfléchir à tout prix au-delà des détails de fond délivrés ?

En conclusion, on peut donc avoir une vision médiane dépendant beaucoup et des volontés de l'auteur en tout début de chaîne, et du ressenti du spectateur en toute fin (dont vous pouvez témoigner). Vous pouvez éventuellement - selon votre professeur - finir par une ouverture sur un thème proche, par exemple l'importance de cette question dans la réflexion : "faire lire ou faire voir une pièce pour toucher le public" : l'instantané agréable au plus profond et marquant parfois plus mal vécu ...

Il vous faut donc maintenant déployer rigoureusement la méthode et rechercher vos arguments, les finaliser, avec des exemples précis et un peu de ressenti en toile de fond. Ménagez bien des transitions entre parties et montrez bien, en conclusion notamment, que vous faites bien une démonstration, que vous réfléchissez pour arriver à un certain point de vue. Au-delà de l'originalité du plan, c'est bien cela que l'on vous demande, sans négliger bien sûr la forme ...

Il me reste à vous souhaiter un bon travail.

Bon courage.
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