en une : Cours philo : Dieu

A partir de poèmes comme correspondances de baudelaire in les fleurs du mal, la fonction du poète de hugo in les rayons et les ombres, alchimie du verbe de rimbaud in une saison en enfer, vous redigerez une dissertation portant sur le sujet suivant : "la

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 09/02/2010 - correction
                
Je ne distingue pas le lien du sujet avec ces trois textes et ne les comprend pas bien.
J'aimerais des explications et surtout de l'aide.

Correspondances de Baudelaire:

La nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.

La fonction du poète de Hugo:

Peuples ! écoutez le poète !
Ecoutez le rêveur sacré !
Dans votre nuit, sans lui complète,
Lui seul a le front éclairé.
Des temps futurs perçant les ombres,
Lui seul distingue en leurs flancs sombres
Le germe qui n'est pas éclos.
Homme, il est doux comme une femme.
Dieu parle à voix basse à son âme
Comme aux forêts et comme aux flots.

C'est lui qui, malgré les épines,
L'envie et la dérision,
Marche, courbé dans vos ruines,
Ramassant la tradition.
De la tradition féconde
Sort tout ce qui couvre le monde,
Tout ce que le ciel peut bénir.
Toute idée, humaine ou divine,
Qui prend le passé pour racine
A pour feuillage l'avenir.

Il rayonne ! il jette sa flamme
Sur l'éternelle vérité !
Il la fait resplendir pour l'âme
D'une merveilleuse clarté.
Il inonde de sa lumière
Ville et désert, Louvre et chaumière,
Et les plaines et les hauteurs ;
À tous d'en haut il la dévoile ;
Car la poésie est l'étoile
Qui mène à Dieu rois et pasteurs !

Alchimie du Verbe de Rimbaud:

À moi. L'histoire d'une de mes folies.
Depuis longtemps je me vantais de posséder tous les paysages possibles, et trouvais dérisoires les célébrités de la peinture et de la poésie modernes.
J'aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires ; la littérature démodée, latin d'église, livres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, contes de fées, petits livres de l'enfance, opéras vieux, refrains niais, rythmes naïfs.
Je rêvais croisades, voyages de découvertes dont on n'a pas de relations, républiques sans histoires, guerres de religion étouffées, révolutions de moeurs, déplacements de races et de continents : je croyais à tous les enchantements.
J'inventai la couleur des voyelles ! - A noir, E blanc, I rouge, O bleu,
U vert. - Je réglai la forme et le mouvement de chaque consonne, et, avec des rythmes instinctifs, je me flattai d'inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l'autre, à tous les sens. Je réservais la traduction.
Ce fut d'abord une étude. J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges.

Voici ma dissertation sur le sujet mais sans me servir des textes. Le professeur m'a dit que ce n'est pas ça, qu'il fallait utiliser les documents, or il se trouve que je n'y arrive pas...

*Il s'agit là de voir si la poésie, une forme d'art, peut nous permettre de disposer d'une meilleure connaissance du monde qui nous entoure, par opposition à notre monde intérieur. Alors que ce rôle explicatif semble revenir à la science, source de connaissances, on se demande ici si la poiesis, qui, comme le rappelle Aristote, est l'action de créer à partir d'un savoir, et de générer un objet extérieur à soi - l’½uvre -, peut participer à l'explication d'un monde situé lui-aussi en-dehors de nous. Comme toutes les formes d'art, la poésie est création ; le monde est l’ensemble de ce qui est ; il est, pour Wittgenstein, « l'ensemble des faits ». Cette réalité extérieure, si l’on considère ici le monde comme réalité, par opposition au solipsisme, peut-elle être élucidée par l’art ? La création peut-elle expliquer le réel ?

La poésie, comme en témoignent les points de vue de Platon et Aristote, tient à une imitation du monde. C’est le concept de Mimesis. Cette imitation éloigne de la réalité, car elle est dépourvue d’objet, selon Platon. Pourtant, Aristote considère qu’il s’agit là d’un outil didactique utile à la compréhension du monde qui nous entoure. La poésie ensuite, en tant que création, témoigne d’un point de vue, d’une interprétation du monde. Nous ne voyons le monde qui nous entoure, et qui donc nous est extérieur, que par nos propres yeux. Or la création d’autrui témoigne de l’interprétation du monde que fait autrui, en même temps qu’elle est un élément du monde qui nous est extérieur. La création, comme élément de ce monde extérieur, est en soi, et parce qu’elle s’inspire du monde, ne serait-ce que dans son support linguistique et culturel, un élément de ce monde. Cependant, la poésie, étant une forme d’art, détourne et interprète cette réalité pour la transcender, la sublimer, jusqu’à ne plus lui correspondre. Elle est de plus, dans de nombreux cas, empreinte d’un pathos qui ne renvoie qu’au monde intérieur. Toutefois, cet ensemble de réalités intérieures peut en dire long sur l’humanité, et notre manière de passer outre nos émotions une fois celles-ci confrontées au pathos d’autrui.

La poésie comme imitation du monde

En grec, la poiesis implique la mimesis : l’imitation du monde. Platon envisage cette imitation comme une copie d’autant plus éloignée du vrai qu’elle que le modèle dont elle s’inspire est éloigné de son idée. Ainsi, les leurres qu’elle produit rencontrent et confortent l’ignorance du lecteur, du récepteur de l’½uvre d’art. La création artistique n’est jamais, ici, que détournement du réel. Dans la République, Platon, soucieux de ne pas détourner les citoyens du vrai par des imitations qu’il faut proscrire, parle de chasser les poètes hors de la cité idéale. Or Aristote contre cette théorie des idées de Platon en évoquant le caractère didactique de l’imitation.

Le caractère pédagogique, gnoséologique de la poésie est défendu par Aristote dans La Poétique. L’élaboration du produit mimétique suppose une connaissance – l’art poétique – dont le résultat favorise encore un apprentissage : celui sur l’objet imité. On pourrait ici voir la poésie comme un langage, un code permettant, lorsque l’on comprend l’art poétique, de décrypter la vision sous-jacente des objets et du monde.

La poésie comme vision du monde d’autrui

La poésie d’autrui faisant partie du monde extérieur, nous ne sommes pas non plus certains de comprendre l’½uvre d’art à sa juste valeur. Nietzsche, dans Vérité et Mensonge au sens Extra-Moral, nous montre que le message, qui passe d’une « sphère » à l’autre, se déforme, car chacun n’a pas la même vision des mots, ni de l’autre, ni du contexte, ni même du langage : le message connaît tellement de perturbations qu’il en devient presque impossible pour le récepteur de lui donner la même valeur que le récepteur a voulu faire passer.

La poésie nous en dit davantage sur la vision du monde de l’auteur que sur le monde lui-même. Plus encore, la poésie nous en dit plus sur notre vision du monde que sur le monde, en comparant notre interprétation à d’autres. La poésie renvoie à l’idée qui veut que « toute conscience est conscience de quelque chose », selon la théorie forgée par Husserl. On peut ici penser que l’intersubjectivité, qui montre une intention de se tourner vers l’extérieur, explique ici en partie la force de la poésie, qui nous confronte à une autre conscience. Toutefois, cette capacité à nous faire comprendre la vision du monde qui entoure autrui nous permet, par réflexivité, de nous détacher de notre propre vision du monde pour saisir le réel.

La poésie comme outil de compréhension du réel

La poésie nous donne un autre angle d’interprétation de la réalité. Elle permet de prendre connaissance d'une création extérieure à nous, avec tout ce qu'elle comporte : esthétique, pathos, et connaissance par autrui de l’objet évoqué. Dans Fureur et Mystère, de René Char, la complexité de la guerre, de la résistance, et des émotions contradictoires qui parcourent l’homme est évoquée sous la forme poétique. C’est ce qui la rend d’autant plus saisissante. René Char se définissait comme un Nietzschéen : Nietzsche et Kierkegaard ont, eux aussi, parmi tant d’autres, passé leurs pensées philosophiques sous la forme de la poésie. Le Gai Savoir de Nietzsche est ainsi parcouru de poèmes et d’aphorismes. Le Tractatus Logico-Philosophicus de Wittgenstein, qui montre que « le monde est l’ensemble des faits », dévoile son décodage logique du monde par des aphorismes.

Selon Gadamer, que l’on considère souvent comme le père de l’herméneutique moderne, l’½uvre d’art peut redevenir une expérience de vérité hors de la science. Un dialogue existe entre l’art et le spectateur : l’art est ainsi une expérience ontologique où se découvre un sens. S’introduit ici la notion de contemporanéité, qui veut que l’on trouve un sens passé, pour une ½uvre ancienne, dans une expérience présente. Lart est, ici, un outil clair de compréhension du monde.

En conclusion la poésie, qui nous met face à la vision d’autrui de la réalité, n’est pas cette réalité. Il s’agit d’un vecteur, d’une imitation, d’un interprétation de ce monde. Toutefois, ne pouvant nous-même connaître le monde que par l’expérience que nous en détenons, l’expérience poétique est, pour nous, une voie d’accès non négligeable à l’extérieur de nous-mêmes, qui nous permet de comprendre les faits tout autant que la subjectivité d’autrui, part intégrante de ce monde.
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