en une : Sujet : causes de la crise de 1929

Plan détaillé ( sans les exemples ) dissertation épistolaire

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DISSERTATION

Sujet : « Ecrire une lettre, c’est accomplir un geste qui relève du vécu. Or, la matérialité de la lettre est faite d’écriture, tout comme l’œuvre. De plus, la lettre transcrit un certain vécu, et par là même, le tamise tout comme le fait l’œuvre. »

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Problématique : quelles sont les similitudes entre la lettre et l’œuvre littéraire ?
D’où : Plan dialectique

Introduction

Il est aisé de faire le rapprochement entre une œuvre littéraire écrite à la première personne – une autobiographie par exemple – et une lettre que l’auteur écrit à la postérité. Inversement, il est facile de comparer sa correspondance avec les plus belles pages de la littérature du moi. Il existe cependant une frontière entre l’œuvre et la lettre, bien qu’elles naissent du même élan d’expression par l’écriture. Nous tenterons d’une part de cerner leurs similitudes, et de l’autre les caractéristiques du genre épistolaire.

I. Thèse : Dans quelle mesure l’écriture d’une lettre se rapproche t-elle de l’écriture d’une œuvre littéraire ?

a) La « matérialité » de la lettre est en effet la même que celle de l’œuvre littéraire

- L’épistolier utilise le même média que l’auteur : l’écrit.
- Par conséquent, il doit, tout comme l’écrivain, respecter certaines contraintes : il y a un réel travail de l’écriture : la lettre a donc une dimension littéraire.
- L’expéditeur doit en effet travailler son expression afin de se faire comprendre. Les avantages d’une communication orale (la gestuelle, la présence de l’interlocuteur …) étant absents, ce travail doit être d’autant plus efficace
- Mais la lettre n’est pas uniquement informative. Elle transporte aussi des sentiments, des idées … Le travail de la forme a aussi un rôle important, car cette dernière fait aussi sens.
- Cependant à ce travail stylistique vient s’opposer une certaine spontanéité d’expression, que l’on peut rapprocher à la poésie et à cette écriture de l’instant. Cette spontanéité se traduit par les marques d’oralité (niveau de langue, questions rhétoriques …)

Exemples : Kressman Taylor, Inconnu à cette adresse
Guillaume Apollinaire, Lettres à Lou

b) Le rapport de la lettre au vécu est le même que celui entre la vie de l’autobiographe et son œuvre

- Avant même le travail de l’écriture, il y a un travail sur soi-même, nécessité par toute expression du « moi »
- L’épistolier procède donc à son introspection, tout comme l’autobiographe
- La lettre s’inscrit, tout comme l’autobiographie, sous le sceau d’un pacte entre l’auteur et le lecteur : un pacte de sincérité.
- Ecrire son expérience à travers une lettre nécessite les mêmes choix que d’écrire son autobiographie : ne pouvant tout dire, l’auteur doit trier, classer et donner du sens à son vécu.

Exemples : Franz Kafka, Lettre à mon père
Lettres et carnets du front 1914 - 1918

c) La lettre joue généralement un rôle similaire à celui de l’œuvre littéraire

- La lettre a plusieurs fonctions : elle peut être expressive, injonctive ou référentielle. L’œuvre, d’une manière parallèle, peut être lyrique, argumentative ou didactique.
- La lettre fait aussi appel à certains registres afin de traduire un message, une émotion, un sentiment …
- De la même manière, la lettre utilise certaines techniques littéraires, comme la démonstration, l’argumentation pure ou encore la persuasion.

Exemples : Boris Vian, Lettre ouverte à M.Paul Faber
Emile Zola, Lettre à la jeunesse

II. Antithèse : Qu’est ce qui distingue l’écriture épistolaire ?

a) La lettre s’inscrit dans une situation de communication bien précise

- Contrairement à l’œuvre littéraire dans laquelle l’auteur s’adresse à un public très vague, la lettre est un discours dialogique dont les acteurs sont clairement définis.
- L’émetteur, l’expéditeur, s’adresse à un récepteur, le destinataire.
- La surabondance des indices d’énonciations (ancrés dans la situation d’énonciation), et notamment les pronoms déictiques, témoignent de cette connaissance réciproque
- On distingue différents genres de lettre en fonction du destinataire et de ses relations avec l’émetteur. Ainsi on distingue « correspondance intime », « lettres aux relations » et « lettres ouvertes »

Exemples : Lettre (fictive) qui constitue les paroles du Déserteur de Boris Vian
Marcel Proust, Correspondance

b) Par conséquent, la lettre est conditionnée non seulement par l’émetteur ou le sujet traité (comme dans l’œuvre littéraire) mais aussi par le destinataire

- Aussi bien au niveau du contenu que de la forme, l’identité du destinataire joue un rôle décisif.
- L’émetteur prend donc soin de ne mentionner que des références communes à lui et à son interlocuteur, celles-ci pouvant être soit personnelles, soit publiques.
- Les codes de la lettre varient en fonction de la nature des relations entre émetteur et récepteur
- Le ton de la lettre varie selon la nature des rapports que l’un et l’autre des interlocuteurs ont avec l’objet du discours

Exemples : Montesquieu, Lettres persanes

c) La correspondance est une communication différée

- La situation d’énonciation est différente de la situation de réception. La rédaction et la lecture se font dans un lieu et à une époque différente.
- Contrairement à l’œuvre où l’auteur, s’il choisit de mentionner la situation d’énonciation, il ne fait pas référence à celui de la lecture, l’émetteur d’une lettre fait à la fois référence à la situation d’énonciation et à celle de réception.
- Les indices spatiaux ou temporels ancrés dans la situation d’énonciation (ici, maintenant) sont obsolètes au moment de la lecture. Le lecteur doit donc les comprendre comme telles.
- Parallèlement, l’émetteur peut faire référence à l’instant de la lecture

Exemples : Laclos, Les liaisons dangereuses

III. Synthèse : A la rencontre de la correspondance et la littérature : le statut particulier du roman épistolaire

- L’auteur d’une œuvre peut adopter la forme épistolaire et inventer des interlocuteurs. Ces derniers étant fictifs, le pacte de sincérité est donc rompu.
- Le vécu que transcrit la lettre est aussi fictif : il s’agit d’une dimension de la trame narrative.
- Ces lettres peuvent soit apparaître ponctuellement dans l’œuvre, soit en constituer la principale situation d’énonciation.
- La correspondance est donc considérée comme un simple moyen de communication, et peut donc être mis en scène dans une œuvre littéraire.

Exemples : Pierre Cholderlos de Laclos, Les liaisons dangereuses
Guilleragues, Lettres portugaises

Conclusion

Somme toute, l’œuvre littéraire et la lettre sont toutes deux le fruit de la même activité : écrire. Les enjeux de chacun sont similaires, puisque là où l’autobiographe écrit son récit de vie, l’épistolier s’épanche dans la correspondance. De la même manière que l’œuvre peut être polémique ou dénonciatrice, la lettre sait prendre un registre argumentatif ou satirique. La différence majeure se fait dans la situation de communication dans laquelle s’inscrivent l’un et l’autre texte. Dans l’un, un auteur ne s’adresse à personne en particulier, alors que dans l’autre, l’émetteur établit un dialogue avec son interlocuteur bien réel. Enfin, la correspondance peut être un outil qui sert la fiction, puisque le roman épistolaire est une œuvre littéraire qui met en scène l’action vue à travers la correspondance de deux ou plusieurs protagonistes.
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