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Dissertation sur jacques le fataliste

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 04/11/2006 - Question de cours
                
Bonjour,

c'est en effet une question assez difficile, surtout appliquée à cette oeuvre. Nous allons essayer d'analyser tout cela ensemble !

Pour commencer et mieux saisir le sens de la phrase, essayez de l'appliquer à d'autres oeuvres des Lumières que vous pouvez connaître (par exemple "Candide"). Ces hommes sont avant tout des philosophes qui veulent convaincre et faire réfléchir. Dans "Jacques le Fataliste", vous pouvez relever la présence de plusieurs thèmes qui vont dans ce sens (fatalisme et déterminisme, relation maître/valet etc ...). D'un autre côté, ces hommes sont des écrivains et veulent plaire. S'il ne voulait que convaincre, Diderot n'aurait pas cherché à faire intervenir un narrateur aussi atypique ou à présenter les huit jours de voyage de cette façon. A première vue, on peut donc à ce stade lister les éléments qui tiennent de la pure oeuvre littéraire et ceux qui tiennent de l'essai philosophique. Pourtant les deux sont liés; d'abord parce que l'apologue, le conte ou la nouvelle sont plus faciles pour convaincre (surtout la population de l'époque). On peut alors s'interroger sur la manière dont fond et forme se servent l'un l'autre et se complètent. Nous en sommes arrivés à ce preùmier point important de la réflexion : forme et fond sont liés et se complètent (les exemples sont nombreux : de savourueux portraits pour mieux souligner les défauts, la façon de raconter l'histoire d'amour de Jacques pour mieux mettre en évidence l'avis de l'auteur...). C'est preque un point de cours sur les oeuvres littéraires des Lumières qu'on applique ici à l'oeuvre.

Mais il faut ensuite justifier, toujours à travers des exemples, que finalement il n'y a pas harmonie parfaite, équilibre, entre les deux points de vue. Politique et engagé, l'ouvrage l'est mais le côté litéraire l'emporte finalement. Prenez votre propre expérience : qu'en retenez-vous en tant qu'oeuvre engagée ? en tant que lecture "de divertissement" ? Il faut alors aller chercher les preuves pour abonder dans le sens de Walter; où voyez-vous que le procédé littéraire l'emporte sur le fond (ie le lecteur retient le morceau bien écrit plus que l'idée ?). Les disgressions romanesques par arpport à l'objectif fixé sont nombreuses (la moitié du texte voire plus disent certains critiques !). essayez de les relevr, de voir en quoi elle casse le rythme du schéma utilisé par l'auteur pour convaincre. Pour redire les choses, reprenez la galerie de portraits : à quoi sert-elle dans l'argumentation ? comment s'en passer pour dire la même chose ? qu'en retient-on ? Analysez aussi la fin de l'oeuvre et voyez si Diderot apporte des réponses aux questions, ou au moins tire un bilan pour convaincre une dernière fois. Revenez alors à la notion de "projet idéologique", voyez ce qu'elle signifie et fait espérer au début, ce qu'elle veut encore dire à la fin. Pour ce qui est de l'"information sur le réel", a-t-on parfois l'impression que le détail est sacrifié au profit de l'élégance de l'écriture. Parfois même, le fait que certains détails soient éludés ou que le fond soit noyé sous les bons mots et le schéma narratif nuit-il à l'effort de persuasion ?

Pour cette deuxième partie de la phrase, commencez par faire un relevé précis des exemples puis voyez comment vous pouvez les classer en deux ou trois catégories (type de "débordement" ou importance ...). Interrogez-vous alors de nouveau sur les exigences artistiques : viennent-elles de Diderot lui-même ? (cf. biographie, cours, autre oeuvres etc ...) , d'une mode de l'époque ? d'une nécessité pour convaincre à l'époque ? (sûrement ! et il faut donc peut-être relativiser la phrase de Walter). Après tout ce n'est peut-être pas si grave ! Même si les gens de l'époque n'ont retenu qu'une idée sur cinq mais ont apprécié l'ouvrage du fait de l'écriture, ils auront envie d'en lire d'autres et ainsi continueront de s'instruire et réfléchir; et c'est le but des Lumières ! Donc Diderot ne pouvait peut-être pas faire vraiment autrement (du moins au départ, peut-être a-t-il "forcé" la chose). Ces idées vous servent à nuancer et discuter l'assertionherchez des exemples où la critique de Walter ne s'applique pas. Sont-ils nombreux ? Desservent-ils l'argumentation ?

En résumé, il vous faut lister une série d'exemples précis qui vous serviront tout au long du devoir (des exemples qui abondent dans le sens d'Eric Walter, d'autres moins voire pas). A chaque argument, n'hésitez pas à prendre un exemple, le décortiquer, le comparer avec d'autres. Vous montrez ainsi que cela vous semble pertinent dans "votre" lecture de l'oeuvre, c'est sessentiel et valorisé en général.

Pour est ce qui est du cheminement, reprenez les questions du dessus, établissez des liens entre elles. Intellectuellement parlant, nous avons donc vu comment fond et forme se complétaient dans ce type d'oeuvre (notamment par nécessité et à cause du but poursuivi) et dans celle-ci en particulier. Mais le but reste bien de convaincre et faire passer des idées (première partie de phrase). Toutefois, et c'est l'idée d'Eric Walter, il arrive un moment où les considérations esthétiques l'emportent (on peut expliciter à l'aide d'exemples et voir pourquoi et comment). Mais on peut relativiser car certains exemples amènent une analyse plus nuancée et même si son avis prévaut, il faut voir que c'est peut-être une volonté ou une nécessité pour l'auteur. Et ne pas oublier de s'interroger sur l'effet et le but (après tout, il veut convaincre par tous les moyens !).

Avec un cheminement de ce type, vous pouvez bien montrer que :

1. vous amenez la 1ère partie de phrase en l'expliquant et la mettant au passage dans un contexte plus général
2. vous faites une lecture de l'oeuvre à la lumière de cet avis de Walter (partie 2) et vous allez dans son sens
3. que c'est une certaine lecture, qu'on peut trouver des passages où cela s'applique moins et qu'on s'interroge aussi sur la finalité des actes de Diderot (d'ailleurs, la phrase de Walter semble négative, mais elle pourrait n'être qu'un neutre constat; la prendre négativement permet d'enrivhir le débat).

En espérant vous avoir permis de faire le lien entre l'oeuvre et cette phrase, je terminerai par un ou deux rappels méthodologiques, mais que vous connaissez sûrement par coeur ! :

1. à chaque idée, son paragraphe avec exemple et citation !
2. ne pas juste prendre la phrase au pied de la lettre, mais la critiquer aussi (comme ça en bilan, en conclusion, vous pouvez vraiment montrer que cela rend compte d'une certaine lecture, puisque vous avez réfléchi aux façon de voir les choses)
3. n'hésitez pas à entrer dans le détail et passer au-delà du général; montrez que vous avez réfléchi, au moins sur quelques passages, c'est toujours mieux qu'une réflexion un peu trop globale.

Pour chaque sujet, décortiquez bien la phrase (expliquez bien les mots dès l'intro), posez-vous des questions comme celles que nous nous sommes posées au-dessus et à la fin le plan en découlera.

Mais ne vous inquiétez pas, il est tout à fait normal qu'en début d'année, vous bloquiez car vous ne voyez pas de plan "arriver" ! mais après deux ou trois devoirs, notamment en temps limité, vous verrez que apprendrez à gérer cette angoisse et plus le travail prélimianire est bien fait, plus le plan arrive ensuite complet et cohérent, sans trop avoir besoin d'y retoucher ensuite. Enfin, il n'y pas un unique plan, le principal est de montrer un vrai fil rouge, une vraie réflexion, qui prenne en compte tous les aspects du sujet. Essayez donc d'agir ainsi avec ce devoir, et très vite le plan finira de se bâtir, et la rédaction n'en sera que facilitée.

Bonne réflexion et bon courage !
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