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" il est interdit d'interdire..." quelles sont les limites actuelles de ce slogan apparu en 1968?

Culture Generale > sujets expliqués - 04/10/2007 - correction
                
Bonjour,

Dans le cadre des prestations proposées ici, je vous propose de dérouler ensemble la méthode de dissertation sur ce sujet très précisément et de voir comment partir pour le rédiger. Ensuite, si vous le souhaitez, vous pourrez soumettre dans une autre question votre propre rédaction et obtenir une correction et un avis personnalisés sur ce devoir.

Tout d’abord, le sujet repose sur un slogan « soixante huitard ». La première étape est donc de vous documenter un peu plus si besoin sur le contexte qui y est lié : « révolution » sociétale menée par des jeunes et des étudiants dans une France qu’il vous voyait trop autoritaire, trop peu libertaire et permissive. Les limites imposées par la société leur semblaient trop nombreuses, trop lourdes, en un mot plus acceptables. Leur solution, du moins telle qu’ils la présentait était donc une opposition totale au système qu’il dénonçait : plus de règles et de contraintes, une liberté totale et donc une « interdiction d’interdire », pour faire le lien avec le système qu’ils dénonçaient (ils voulaient rester dedans en n’imposant finalement qu’une seule interdiction, celle d’interdire). Voilà pour les grandes lignes, je vous laisse voir s’il vous faut ensuite d’autres éléments documentaires pour orienter votre réflexion.

Il faut ensuite étudier les limites actuelles, c’est-à-dire les contre-arguments apparus depuis en quelque sorte (avec la difficulté dans ce genre de sujet de toujours rester objectif, dans les faits, et de ne pas développer des arguments comme « ces limites étaient prévisibles parce que cette théorie n’est pas viable » etc.). Il faut donc repartir des faits, de ceux qui mettent en défaut ce slogan, des situations dans lesquelles si on l’applique, on arrive objectivement à des difficultés. Dans un premier temps, il faut donc recenser ce type de situations et les limites illustrées, et ensuite les classer en trois grandes catégories de limités idéalement, pour déboucher sur une devoir construit. Dans l’introduction, il faudra amener le sujet, en parlant par exemple simplement et rapidement des événements de 1968 et de l’arrivée de ce slogan. La problématique est alors : pourquoi peut-on dire aujourd’hui que ce slogan a des limites et quelles sont-elles ? Ensuite, toujours dans l’introduction bien sûr, vous annoncez le plan adopté.

Pour revenir au fond après ces quelques conseils de forme, il faut s’interroger sur les mots du sujet : « limites » c’est-à-dire comme nous l’avons déjà dit ce qui met en défaut ou montre que ce slogan n’est pas la panacée, la solution à adopter ; « actuelles » : les faits sur lesquels vous vous appuyez doivent donc être relativement récents, arrivés depuis 1968 et surtout être encore d’actualité au sens où leurs effets ou impacts sont ou seraient encore vrais aujourd’hui et iraient toujours contre le slogan annoncé. L’analyse du sujet est donc en fait assez simple. D’un point de vue méthode, je pense que le sujet n’est pas très compliqué : il s’agit de trouver trois grandes catégories de faits mettant le slogan en défaut. Par contre, trouver de tels faits, les classer, les étayer en restant complètement objectif, voilà qui est déjà plus difficile. Tout d’abord, je vous propose de repartir du terrain de l’éducation, puisque ce slogan était une critique des règles d’éducation alors en vigueur. Si l’on regarde l’actualité et les articles sur le sujet (ou les pensées) des dernières années, on se rend compte que ceci est dans la réalité impossible, utopique, car alors, tout le monde peut faire n’importe quoi au nom d’une prétendue liberté totale ; donc au final, on laisse faire tout et n’importe quoi au nom de la liberté alors celle des autres peut justement être entravée au nom de ce principe : contradiction (« ma liberté s’arrête où commence celle de mon voisin »). Au-delà d’une utopie, cela peut donc aussi s’assimiler à de l’anarchie : aucun ordre, aucune organisation dans la société. En poussant encore plus loin, on s’aperçoit que le but de cette « théorie » n’est pas atteint : les jeunes décriaient un manque de liberté qui selon eux expliquaient leur « malheur » (à ne pas prendre au sens fort du terme, mais en tant que « non bonheur total », « bonheur partiel »). Le but donc n’est pas atteint car la jeunesse actuelle n’a pas réussi à être vraiment plus heureuse, complètement heureuse, du moins autant qu’elle le pensait. Un slogan qui s’il est appliqué arrive donc à se contredire et qui de toute façon n’arrive pas pleinement à remplir les objectifs annoncés. Voilà déjà pour les grandes limites, mêmes un peu théoriques, que l’on peut déceler. On se rend donc compte que l’application de ce slogan demande un engagement et une conviction de tous les citoyens au même point : dès que l’un n’est pas convaincu et ne l’applique, les autres ne voient pas pourquoi ils continueraient de le faire, et si cela n’est pas fait avec une certaine raison, il y a rapidement des dérives. Or, dès que quelqu’un ne respecte plus le « pacte » qui en découle, les autres sont tentés de ne plus le faire (volonté de ne pas se montrer inférieur, esprit de contradiction, souci d’équité, volonté d’être au même niveau que les autres). Cela pose également une question fondamentale : celle du rapport au pouvoir. En effet, dans notre société actuelle, les inégalités et différences se sont quand même globalement accrues ; d’un côté, les plus riches et puissants, de l’autre les plus pauvres et moins puissants, et globalement le fossé entre les deux ne cesse de se creuser (concept de « fracture sociale » introduit auprès du grand public par un conseiller politique du précédent Président de la République). Ainsi, ceux qui ont le pouvoir (et notamment celui d’interdire) ne veulent pas se voir priver de cette possibilité de s’imposer dans la société et de mettre en avant leurs intérêts. Lorsqu’un pouvoir vous est conféré pour des raisons diverses, il n’y aucune raison de votre point de vue (finalement, c’est humain) que vous vouliez bien y renoncer, au simple prétexte que la majorité de la population, elle, n’a pas ce pouvoir. Cette notion d’évolution dans le temps met l’accent sur un second aspect intéressant et qu’il est nécessaire de traiter je pense : celui de l’évolution dans le temps. Finalement, le sujet suggère que les limites qu’il faut étudier et nommer sont souvent assez récentes et qu’elles n’étaient pas forcément apparues avant, que les conclusions et critiques telles qu’on peut les formuler sont relativement récentes et qu’il aura parfois fallu toutes ces années pour s’apercevoir de cela. Dès que possible, il faudra donc montrer en quoi cela est récent et pourquoi ce constat s’impose aujourd’hui, en fonction du contexte, et comparé à ce qu’il était avant. La notion de « fracture sociale » et le thème du fossé qui se creuse entre les catégories sociales est un assez bon exemple je pense, car l’actualité et les réflexions récentes permettent d’illustrer assez facilement ce propos.

Voilà pour une première analyse ; en partant de la base de la théorie et d’idées simples (ce qu’on peut simplement en dire au quotidien, c’est souvent un point de départ pour une réflexion de ce genre et cela vous permet d’aller naturellement du plus simple au plus compliqué et pointu dans votre dissertation), nous en sommes arrivés à des arguments politiques, sociaux et sociologiques. C’est vers ce genre de catégories que nous allons donc en toute logique nous orienter pour trouver des grandes parties. Il faut éviter d’entrer dans le piège du catalogue, et synthétiser, regrouper, classer, mais cela comme le voyez n’est possible qu’à partir du déploiement précis et progressif de la méthode. On s’achemine vers une réponse aux questions : « pourquoi maintenant, depuis le temps, ça n’a pas marché ? » (pour parler de façon simple) et « pourquoi, aujourd’hui, même complètement déployé, ça ne marcherait pas ? ».

A partir des idées que nous avons développées ci-dessus et que je vous invite à compléter par vos propres visions et des exemples complémentaires (basés sur des faits récemment notamment), il se dégage trois grands types de limites :

1) des limites politiques au sens large, liées à l’organisation de la société : anarchie impossible, besoin de critères, repères et standards d’éducation. Il s’agit ici de montrer que d’un point de vue de la société (organisation, valeurs etc.), il n’a pas été possible de mettre cela en place (trop de problèmes à l’échelon des personnes et de la société tout entière).

2) des limites sociales et culturelles : ici on se base plus précisément sur les personnes : rapport au pouvoir, volonté de ne pas perdre ses acquis, peur du changement occasionné et de la perte de repères.

3) des limites liées intrinsèquement au slogan lui-même : contradiction plus que probable en cas d’application, non-atteinte des objectifs initialement fixés et en théorie desservis par ce slogan etc. En fait, c’est l’épreuve du temps, les tests « naturels » qui au fil des années ont montré des limites évidentes et impossibles à éviter dans le slogan même (sauf s’il était vraiment parfaitement respecté de tous et appliqué ainsi par tus, ce qui est impossible au vu des arguments sociaux donnés ci-dessus).

Vous pouvez donc voir que nous sommes allés du plus simple au plus complexe : l’aspect global et politique, organisationnel de la mise en application de ce principe ; ensuite les aspects sociaux et culturels, ce que l’on trouve en creusant davantage au sein de la société et des individus ; enfin, si l’on s’interroge bien, sur les limites liées à la chose elle-même. Vous avez donc les grandes catégories de limites que la méthode a permis d’identifier, il vous reste à compléter ; trouver d’autres arguments sera peut-être un peu plus compliqué, du moins en trouver beaucoup, mais à la limite l’important n’est pas forcément de les multiplier. Par contre, il est essentiel que vous puisiez dans vos connaissances, lectures et réflexions personnelles pour alimenter tout ceci en faits et exemples suffisamment précis, récents et divers. N’oubliez pour la forme de bien ménager des transitions entre les grandes parties, de dire brièvement pourquoi, comment, d’un point de vue réflexion et arguments, on passe d’un point de vue à l’autre. Enfin, en conclusion, vous tirerez bien sûr un bilan des différentes limites, en montrant par exemple que tout est lié au principe lui-même et à la configuration actuelle de notre société, son historique, ses valeurs, façonnée qu’elle est depuis des siècles par des modes et valeurs souvent totalement opposés. Vous pourrez toujours finir par une brève ouverture, en vous demandant par exemple si cela est susceptible ou non d’évoluer, d’être relance, bref sur l’avenir de la chose par rapport à aujourd’hui. L’essentiel de votre travail va donc être documentaire et rédactionnel maintenant je pense (avec toutes les règles de clarté et de forme que vous connaissez, comme une idée et un ou deux exemples par paragraphe, des sous-parties au sein des parties etc.), plus que méthodologique. Vous pourrez ensuite toujours, comme rappelé au début, soumettre votre composition personnelle pour correction dans une nouvelle question une fois celle-ci rédigée si vous le souhaitez.

Sur ce, je vous souhaite bon courage et un excellent travail sur ce devoir.
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