en une : Le lexique de français

Les concepts de français

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DISCOURS ET RÉCIT - PRÉAMBULE

L'opposition entre ces deux notions linguistiques et stylistiques vient originellement d'Émile Benveniste (Problèmes de lingistique générale, t.I), qui propose de distinguer deux plans d'énonciation distincts, l' "histoire" et le "discours" pour expliquer la différence d'emploi entre passé simple et passé composé.

Ces deux notions sont extrêmement utiles pour décrire les textes littéraire,notamment narratifs, et la place du sujet ou du narrateur dans ces textes

DÉFINITIONS THÉORIQUES

Tout se passe comme si le récit se racontait tout seul, sans référence à un énonciateur.

Marques du récit ou énonciation "historique" :

- Temps verbaux principaux : les temps du passé et qui se rapportent au passé (conditionnel, futur antérieur). L'ancrage est résolument dans le passé, coupé du présent de l'énonciateur qui s'efface derrière l'objet ou l'action relatée, d'où l'emploi du passé simple, indice net de récit.
- Personne grammaticale privilégiée : la troisième personne (privilège de l'objet)
- Modalisation de l'énoncé et présence du locuteur : absente
- Mode de référence : anaphorique, c'est-à-dire que le point de repère est toujours ce qui est raconté, autrement dit l'énoncé lui-même, et non l'énonciation.

Exemple : Il regarda le château. Là-bas était son but. (la référence derrière "là" est celle posée par le texte immédiatement précédent, et non par rapport à quelqu'un qui montrerait du doigt "là")

Marques du discours :

- Temps verbaux principaux : présent, futur, passé composé, autrement dit, les temps ancrés dans la situation de l'énonciation, qui se situent par rapport au locuteur. Tous les temsp du passé sauf le passé simple également.
- Personne grammaticale privilégiée : je, tu, nous, vous = les personnes de l'énonciation sont obligatoirement présentes.La troisième personne intervient également mais non en tant que centre de la référence.
- Modalisation de l'énoncé et présence du locuteur : marques de modalisation de l'énoncé qui indiquent encore une fois la présence de l'énonciateur, ses jugements de valeur, ses positions par rapport à l'énoncé.

Exemple : Sûrement, je vais arriver à l'heure. L'adverbe qualifie, modalise l'énoncé "je vais arriver à l'heure" en indiquant le degré de certitude de l'énonciateur dessus

- Mode de référence : déictique (la deixis, c'est le fait de montrer, de désigner cette chose). Le point de repère est cette fois la situation d'énonciation, tout se définit pour rapport à qui parle, où et quand. Types d'indications déictiques : "maintenant", "hier", "demain", "ici", "là" : dont la réfénrece se définit selon la personne qui parle.

LE POINT DE VUE

Définition :

En narratologie, le point de vue du narrateur, ou focalisation, est un outil descriptif qui évalue à la distance du narrateur par rapport au récit. Autrement dit, cela permet de préciser les relations entre deux plans distincts, celui de la narration (qui inclut narrateur et lecteur implice dans l'acte de raconter), et celui du narré, ou le récit (l'univers représenté, le monde des personnages).

- focalisation zéro

: ou point de vue omniscient, quand le narrateur sait tout de ses personnages, et pénétre leurs pensées les plus intimes et leur inconscient.

Dans le cas contraire, il y a restriction de champs : le narrateur a un point de vue situé, restreint, ou "focalisé" :

- focalisation interne

: le narrateur ne raconte que ce que sait, voit, ressent, un personnage donné.

- focalisation externe

: c'est le point de vue d'un observateur objectif, extérieur à la conscience des personnages, et qui ne fait que constater du dehors ce qui se passe

Nature du point de vue :

- type de connaissance

: la "science " du narrateur est un indice de son degré d'omniscience ou des points aveugles de son champs de vision. Ainsi le psycho-récit, ou récit des pensées et émotions intimes d'un personnage relève d'une narration omnisciente (à ne pas confondre avec le monologue intérieur, qui est du discours à la permière personne et non du récit à la troisième personne). Dès que le récit est focalisé, il ya des zones d'ombres sur les pensées et les évênements extérieurs à la focalisation

- Nature de la distance du narrateur :

-Elle peut être morale et affective et s'exprimer à travers des jugements de valeur (tous les adjectifs et adverbes évaluatifs, les commentaires à la Balzac, etc). On est alors en présence d'un narrateur distancié par rapport à son récit et les personnages, mais cela ne préjuge pas du type de focalisation.

-Elle peut être intellectuelle : le narrateur omniscient en sait plus que ses personnages, et comprend mieux les enjeux de l'histoire
-Enfin, elle peut être spatiale et/ou temporelle (narrateur rapportant une histoire située dans le passé, et dont il connaît par exemple la fin)

Notions complémentaires :

- narrateur extradiégétique

: il reste extérieur au récit (la diégèse, c'est le récit), et n'est pas représenté dans l'univers de la fiction

- narrateur intradiégétique

: le narrateur est aussi un personnage du récit, donc "interne" au récit. Exemple : dans un récit à la première personne du singulier, le narrateur est le personnage principal

COMMENT FAIRE LA LITTÉRATURE COMPARÉE

Le principe de la Littérature Comparée est d'ouvrir le champ d'analyse à des oeuvres d'autres langues et cultures, qui abordent des problématiques similaires mais y apportent à chaque fois des réponses particulières. Ainsi, contrairement à ce que pensent au début de nombreux étudiants, ce sont moins les ressemblances entre les textes que leurs différences à partir d'une thématique commune qui importent.

Textes et contextes

Les textes sont réunis autour d'une thématique (le labyrinthe, la jalousie), d'un genre (la nouvelle, le sonnet), d'un mythe (Faust, Dom Juan), ou bien d'une structure commune (les romans inachevés, etc).

Le but: montrer comment des textes se posent des questions analogues et y répondent de façon différentes (esthétiques, idéologies, structures différentes). Si le cours magistral soulignera les ressemblances pour justifier le regroupement et établir une base de travail, votre travail et de souligner la spécificité des textes dans le détail sur ces problématiques similaires.

La perspective comparatiste impose de bien comprendre le contexte de production des oeuvres: leut contexte historique, leur idéologie, leur situation dans l'histoire littéraire (les phénomènes d'intertextualité sont en effet souvent importants).

Littérature comparée : Les devoirs

2.La dissertation

Comme pour la dissertation de Littérature française, il faut analyser le sujet et définir une problématique qui guidera tout le devoir. La différence est que vous confronter plusieurs textes à cette problématique, pour les comparer sur le point précis abordé par le sujet.

On attend une réflexion personnelle, approfondie, argumentée, sur un sujet précis et unique, qui suppose une bonne connaissance des oeuvres et de la thématique générale, mais n'est jamais une question de cours !

Présentation du devoir

Intro :

- intro du sujet sans remonter aux calendes grecques ni redire systématiquement le schéma structurel commun; Introduire les textes : titres (soulignés ou en italique), auteurs, date de composition, éventuellement nationalité
- citer le sujet dans son intégralité puis l'analyser
- problématique
- annonce du plan

2 à 4 parties :

titres précis intégrés à la rédaction

Conclusion :

rappel des conclusions partielles de chaque partie (pas toutes les idées) et de la progression de votre argumentaire, conclusion sur les enjeux et la spécificité, [ouverture sur prolongements de cette problématique; sur une citation, une question en suspens]

2.Le commentaire comparé

C'est comme un commentaire composé qui compare deux ou trois textes qui présentent des problèmes analogues: on demande donc une attention extrême aux textes, à leurs écritures, leur texture, leurs enjeux,

Il faut:

- une comparaison suivie et systématique entre les textes : les rapprochements structurels sont bienvenus (plan, progression, schémas actantiels), et souligner les différences, nuances, autant que les points communs
- une analyse détaillée, stylistique, personnelle
- montrer les enjeux du passage par rapport aux oeuvres (fonction dramatique, situation narrative,etc).
Les références à la thématique générale ne doivent pas tomber dans la récitation du cours

Présentation du devoir

Introduction :

introduction de la thématique commune principale et de son originalité ou de son exemplarité ; titres, auteurs, dates de composition des oeuvres; situation des extraits dans la trame narrative ou dramatique ; problématique, annonce du plan

2 à 4 parties

conclusion

3.L'oral

On vous demandera en général de présenter un texte d'une vingtaine de lignes, soit sous forme d'un commentaire composé, soit d'une analyse linéaire. Il ne s'agit plus de faire des comparaisons avec les autres textes du programme, sauf en introduction et en passant, mais d'analyser en détail ce texte-ci, comme pour toute autre explication de texte.

Les erreurs à éviter: la paraphrase, les développements généraux sur la problématique d'ensemble, les remarques sur les sonorités pour les traductions de texte étrangers.

LE SONNET

Histoire :

Cette invention italienne du XIIIe siècle ne fut introduite en France qu'à partir du XVIe siècle, et d'abord sous forme de traduction de sonnets de Pétrarque par Clément Marot et Saint-Gelais (v. 1540). La vogue du sonnet amoureux, notamment pétrarquiste, l'imposa rapidement comme un genre incontournable, illustré d'abord par Du Bellay et Ronsard, puis par tous les grands poètes français jusqu'au XIXe siècle, avec encore Valéry, Éluard, Jaccottet ou Roubaud au XXe malgré la désaffection des genres poétiques à forme fixe par les modernes.

Structure :

- Une définition

minimale du sonnet est de le considérer comme un poème à forme fixe de 14 vers, dont les 8 premiers vers forment deux quatrains, et les 6 derniers un sizain. En France (mais pas en langue anglaise), on peut ajouter que ce sizain se décompose généralement en deux tercets, unis par leurs rimes, et parfois leur syntaxe.

- rimes :

- les 2 quatrains en rimes embrassées ABBA ABBA
- les 2 tercets (ou le sizain) commencent par une rime plate, puis des rimes croisées ou embrassées : CCD EDE ou CCD EED.
- D'autres combinaisons sont a priori possibles, et exploitées en italien ou en anglais.

Sens :

Thèmes :

Le sonnet est une forme très féconde, qui a été utilisée aussi bien pour la poésie amoureuse que politique, satirique, descriptive, méditative, philosophique, etc.

Sens de la forme :

S'il n'y a pas de contenu a priori, la structure strophique du sonnet se prête à des jeux de symétrie et d'opposition qui affectent le sens du poème. Les deux tercets sont comme des reflets asymétriques et condensés des deux quatrains, ce que la syntaxe et la rhétorique soulignent parfois, en établissant une comparaison, une opposition, ou une concomittance entre un élément développé dans les quatrains, et le comparé dans les tercets.

En outre sa concision implique une certaine densité de pensée et d'images, et souvent la recherche d'un effet de pointe pour le clore (concetto spirituel, retrounement, effet de surprise).

LES RIMES

La rime se définit comme l'homophonie d'un certain nombre de phonèmes à la fin de deux mots ou plus. La rime métrique se situe à la fin du vers, mais il ressort de la définition qu'il peut exister des rimes à l'intérieur du vers.

Une rime se caractérise par :

- sa richesse : pauvre, suffisante, riche, ou très riche
- son genre, féminin ou masculin
- sa disposition dans la strophe, autrement dit le schéma de rimes qu'elle forme avec les rimes voisines : rimes plates (AA), croisées (ABAB), embrassées (ABBA)
- sa place dans le vers : rime de fin de vers, à la césure, etc.

Richesse de la rime :

- rime pauvre : seule la dernière voyelle tonique rime (on ne compte jamais le "e" muet). Ex : élU / connU ; ennemIe / chérIe
- rime suffisante : deux phonèmes. Ex : mER / fER ; balLON / valLON
- rime riche : plus de trois phonèmes. Ex : ASTRE /balASTRE ; fLAmme / bLAME.
- rimes équivoquées ou léonines : rime très riche qui porte au moins sur deux syllabes. Ex : mots roses / moroses ; en équivoque / en nez qui voque

Genre de la rime :

-rime masculine : elle se termine par une voyelle tonique. Ex : fOI/ rOI
-rime féminine : elle se termine par un "e" muet

Ceci en toute rigueur, mais l'évolution de la pronociation a permis certains libertés, comme de faire imer "nue" et "disparu" par exemple.

L'alternance des rimes est exigée dans le code classique, et toute entorse est donc, à partir du XVIIe siècle, intentionnelle et choisie pour obtenir des effets précis.

Place dans le vers : rimes particulières

-rime annexée ou concaténée : la rime est répétée au début du vers suivant

     "... mon pauvre coeur laMENTE / MENTE qui veut..."

-rime fratrisée : reprend le mot entier en début de vers suivant (et non plus seulement la syllabe).
-rime batelée : la rime de fin de vers rime avec la fin de l'hémistiche suivant
-rime couronnée : doublement de la rime en fin de vers. Ex:"toujours est en vie envie"
-rime brisée ou interne : les deux hémistiches riment ensemble