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Savoir faire une dissertation en histoire

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Avertissement : les conseils et les remarques qui suivent sont valables pour toutes les dissertations d'histoire, quel que soit le type de concours ou d'examen préparé (concours de l'Ecole Normale Supérieure, concours des I.E.P., concours administratifs...).

CE QU'IL FAUT SAVOIR POUR RÉUSSIR UNE DISSERTATION D'HISTOIRE

La dissertation d'histoire demande un effort de :

- problématisation,
- classement des connaissances,
- synthèse.

Elle n'est pas un exercice d'érudition, mais une démonstration : il ne s'agit pas d'accumuler des connaissances, d'énumérer des faits et des dates..., mais d'expliquer, de raisonner et de démontrer.

Ce type de devoir doit être construit, son agencement interne doit être soigneusement et rigoureusement pensé. La réflexion sur le sujet fournit des éléments disparates (faits, dates...), qu'il faut ensuite rassembler comme pour un puzzle : le candidat ne doit pas se contenter d'exposer - d'étaler ! - ses connaissances, mais il doit les agencer de manière ordonnée et logique, comme autant d'arguments étayant sa démonstration. Ceci implique qu'aucun événement, aucun fait ne doit être mentionné pour lui-même, gratuitement : il faut l'analyser, expliquer ses causes, son déroulement et ses conséquences, en tirer des conclusions se rapportant à la problématique du sujet.

QUE FAIRE FACE AU SUJET

Premier conseil : il ne faut surtout pas se lancer tout de suite dans la rédaction, aussitôt après avoir lu le sujet. Il faut au contraire prendre un (long) temps de réflexion, en notant les idées qui viennent à l'esprit, dans le désordre, sans chercher à les insérer dans un plan précis déterminé à l'avance.

Comment procéder face au sujet, après l'avoir lu (plusieurs fois) ?
 1. Examiner les termes du sujet
 2. Ananlyser le sujet dans son ensemble
 3. Mobiliser ses idées
 4. Mettre en forme le plan
 5. Rédiger l'introduction et la conclusion
 6. Rédiger le corps du devoir

1.Examiner les termes du sujet :

Cette analyse a pour but d'éviter les contre-sens, mais aussi de cerner quelle est la signification (large ou étroite) des différents mots-clés du sujet, afin de n'oublier aucune des dimensions possibles du sujet (faut-il se limiter aux frontières nationales, à la période contemporaine ?).

2.Analyser le sujet dans son ensemble :

c'est-à-dire le traduire en une question, dégager la problématique sous-jacente ; c'est elle qui constituera le fil directeur de la dissertation. Il faut veiller à ce que cette traduction respecte le sens du sujet, en particulier les acceptions de ses différents termes.

3.Mobiliser ses idées,

ses connaissances et ses références sur le sujet : des événements historiques (toujours datés avec précision) en premier lieu, mais aussi des éléments de l'histoire des idées, des faits contemporains. Il ne faut pas négliger non plus les références littéraires et artistiques, qui font toujours bonne impression. Cette réflexion n'est pas ordonnée : il faut noter ses idées en vrac, sans idée de plan préconçue. Cette recherche doit fournir de la matière pour fonder solidement l'argumentation, mais aussi des illustrations concrètes servant à animer la démonstration. Il faut veiller à ne pas dresser un catalogue d'exemples, car il vaut mieux quelques références bien maîtrisées, en petit nombre, plutôt qu'une longue liste d'exemples traités de manière superficielle. Il est préférable de renoncer à mentionner des références trop vagues - par exemple les citations d'un auteur dont l'on ne connaîtrait qu'imparfaitement la doctrine.

4. Mettre en forme le plan :

C'est ici que la plus grande rigueur est nécessaire. Le plan doit coller étroitement à la question posée et éviter l'écueil du hors-sujet ; il répond aussi à un souci pratique, puisqu'il rend la rédaction plus aisée. Les méthodes, ici, sont multiples : on peut se contenter de dresser les principales lignes de l'argumentation, ou détailler plus précisément le plan, voire rédiger les phrases introduisant et concluant les différentes parties.

5. Rédiger l'introduction et la conclusion:

lors de la rédaction, une attention toute particulière doit être portée à l'introduction et à la conclusion.

L'introduction répond à de multiples objectifs : replacer le sujet dans un contexte plus large, éclairer le sujet, amener et énoncer le sujet, définir les termes du sujet, souligner les enjeux, présenter la problématique et annoncer le plan. C'est dès l'introduction que le correcteur juge les connaissances du candidat et sa maîtrise du sujet. Une première phrase originale, qui " accroche " le correcteur, est toujours la bienvenue ; essayez d'éviter les évidences et les platitudes...

Quant à la conclusion, son orientation n'apparaît clairement, le plus souvent, qu'à la fin de la rédaction ; le risque est alors que le candidat, pressé par le temps, bâcle cette partie qui, pourtant, est la plus importante, puisque ce sont les dernières lignes lues par le correcteur avant la notation. Il est donc utile, avant la rédaction du corps du devoir, de noter les éléments principaux de la conclusion. La conclusion apporte la réponse à/aux question(s) posées dans l'introduction et elle dresse un bilan de l'argumentation, en reprenant les conclusions de chaque partie, tout en évitant les répétitions. A la fin de la conclusion, il est possible d'ouvrir une perspective, mais attention : l'histoire ne prédit pas l'avenir ! Là encore, il faut soigner le style, car c'est aussitôt après avoir lu la conclusion que le correcteur décide de la note qu'il vous donne ; mais attention aux basses flatteries (du type " le sujet est d'une extrême importance pour comprendre les enjeux du monde actuel ")...

6. Rédiger le corps du devoir.

Il est préférable de fractionner son texte en petits paragraphes, afin de le rendre plus lisible pour le correcteur. Il est utile de précéder chaque partie du devoir d'une ou plusieurs phrases servant d'introduction et qui reprennent le titre que la partie avait dans le plan détaillé établi à l'étape 4. De même, à la fin de chaque partie, on peut dresser rapidement le bilan de l'avancée de l'argumentation. Il s'agit, en quelque sorte, d'une introduction et d'une conclusion, très courtes, insérées dans chaque partie.

Faut-il rendre le plan apparent dans le corps du devoir, en mentionnant les titres et les sous-titres ? Pour le concours des E.N.S., c'est totalement exclu ; par contre, pour le concours des I.E.P., c'est possible ; c'est souhaité pour les concours administratifs.

LES DEUX PRINCIPAUX RISQUES À ÉVITER

Le premier risque à éviter,

lors de la rédaction du devoir, est le hors-sujet. Ce défaut, fortement pénalisé par les correcteurs dans la notation, peut concerner même les candidats les mieux préparés. Il faut donc prendre le temps de lire le sujet avec soin, d'en décortiquer tous les termes, afin de ne pas se tromper d'énoncé. Par exemple, dans un sujet sur " La place de la Guerre Froide dans la politique étrangère de la France de 1947 à 1974 ", il ne faut pas raconter les péripéties de la Guerre Froide, mais analyser les implications de ses péripéties, les replacer dans l'ensemble de la politique étrangère française.

Le second écueil

, moins grave, est l'absence de réponse à la question posée. En effet, un devoir ne peut se résumer à un exposé d'idées, le candidat doit aller au-delà et donner sa réponse à la question qui est posée, explicitement ou non, par le sujet.

COMMENT CHOISIR LE "BON" PLAN ?

Il est nécessaire de rappeler, en préambule, qu'il n'existe pas de plan-miracle, adapté à tous les types de sujet. Au contraire, chaque sujet a son plan propre et il faut être très attentif aux nuances qui différencient les sujets les uns des autres. Un plan valable pour tel sujet ne l'est pas nécessairement pour un autre sujet, même voisin.

Combien de parties ?

Le problème essentiel concernant le choix du " bon " plan est le nombre de parties : 2, 3 ou 4 ? Là encore, il n'y a pas de règle uniforme, tout dépend du sujet traité, mais on peut donner quelques conseils précis. En général, les I.E.P. préfèrent les plans en 2 parties, subdivisés en 4 sous-parties, tandis que la règle sacro-sainte à Normale Sup est celle du plan en 3 parties et 9 sous-parties. Mais mieux vaut quatre parties équilibrées que 3 parties inégales et bancales. Un correcteur privilégiera toujours, dans la notation, la logique et la rigueur du raisonnement, plutôt que le nombre des parties.

Plan chronologique ou plan thématique ?
Il existe 2 grands types de plans : chronologique et thématique. On peut également choisir un plan mixte.

Les plans chronologiques sont plus adaptés aux sujets portant sur une longue période.

Exemples : " Les forces politiques de droite en France de 1945 à 1981 ", " L'évolution économique et sociale de l'U.R.S.S. de 1917 à 1953 ", " La Vème République après de Gaulle ".
Une grande souplesse est nécessaire, car un sujet portant sur une brève période peut, lui aussi, être traité avec un plan chronologique. Exemple : " Les origines de la Guerre Froide (1945-1947) ". Pour ce sujet, le meilleur plan serait : une 1ère partie décrivant la situation en 1945 (la Grande Alliance) ; une 2ème partie décrivant les désaccords intervenus en 1945 et 1946 ; une 3ème partie traitant de l'année 1947, année de la rupture. retour

Les plans thématiques sont plus adaptés aux sujets portant sur des comparaisons, sur des périodes brèves (par exemple : des tableaux, la situation d'un pays en telle ou telle année...), mais aussi des périodes longues (mais où les modifications dues au temps sont minimes)...

Exemples : " L'état de l'Europe au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale ", " Le monde socialiste avant les Révolutions de 1989 ", " La religion dans le monde contemporain "...

On peut traiter des sujets portant sur de longues périodes par un plan thématique, comme par exemple pour le sujet " Les pays européens face à la décolonisation, de 1945 à 1975 ", sujet qui impose de différencier non les périodes temporelles, mais les attitudes des diverses métropoles. Ce sujet pourrait être traité ainsi : une 1ère partie exposant la politique des pays qui ont accepté la décolonisation (Royaume-Uni, Belgique, Espagne) ; une 2ème partie exposant l'attitude des pays qui l'ont refusée (Pays-Bas, Portugal, U.R.S.S.) ; enfin, une 3ème partie exposant le cas particulier de la France, qui a oscillé entre le refus (en Indochine et en Algérie) et l'acceptation (en Tunisie et au Maroc, en Afrique noire). retour

- Une solution moyenne et souvent judicieuse peut être de combiner un plan chronologique et un plan thématique : des grandes parties chronologiques et des sous-parties thématiques, ou des grandes parties thématiques et des sous-parties chronologiques. On peut aussi faire 2 parties thématiques et 1 partie chronologique, ou l'inverse.

Exemple : " Les Trente Glorieuses en France (1947-1973) ". On peut traiter ce sujet avec le plan suivant, où la 1ère et la 2ème parties sont chronologiques, la 3ème est thématique : en 1ère partie, le redressement sous la IVème République (1947-1958) ; en 2ème partie, l'expansion sous la Vème République (1958-1973) ; en 3ème partie, les faiblesses et les caractéristiques de la France des Trente Glorieuses.

Ces exemples montrent que les candidats doivent faire preuve de souplesse et d'originalité dans le choix du plan ; les plans banals et " passe-partout ", souvent sanctionnés par les correcteurs, sont à éviter - sauf pour les candidats qui ne maîtrisent pas assez le sujet et préfèrent la sécurité. Mieux vaut un plan simple et logique, qu'un plan plus sophistiqué mais dont la cohérence est difficile à suivre.

QUELQUES TRUCS ET CONSEILS

N'oubliez pas que l'histoire est une discipline littéraire ; le style est, par conséquent, important. Attention aux fautes d'orthographe ! Petit conseil pratique : les fautes les plus fréquentes sont les fautes d'accords aux noms, aux adjectifs et aux verbes (féminin/masculin, singulier/pluriel) et les oublis des accents. Prenez soin également d'écrire avec exactitude les noms propres, même les plus difficiles - un correcteur pardonne, à la rigueur, une erreur dans le nom de Khrouchtchev, mais pas dans le nom de De Gaulle.

N'hésitez pas à multiplier les relectures avant de rendre votre devoir.

Le dernier conseil, le plus important, est de savoir gérer le temps de l'épreuve - ce qui ne s'apprend que par la pratique : par des exercices réguliers, tout au long de l'année de préparation au concours -, afin de ne pas être contraint de bâcler la dernière partie, qui risque alors de voir sa longueur drastiquement réduite. Les différentes parties du devoir doivent être, autant que possible, équilibrées et proportionnées les unes aux autres. Il ne faut surtout pas supprimer la conclusion, qui tient toujours une part importante dans la notation ; au pire, il vaut mieux réduire un peu la dernière partie, pour conserver du temps pour la conclusion.

Il ne faut pas non plus sacrifier le temps consacré à la relecture du devoir, qui n'est jamais du temps perdu, car une erreur d'inattention peut échapper à tous les candidats, même à ceux qui sont les plus expérimentés et les plus sûrs d'eux.